Intervention de présidente élisabeth Guigou

Réunion du 7 octobre 2014 à 16h00
Commission des affaires étrangères

présidente élisabeth Guigou :

Mes chers collègues, nous avons le plaisir d'accueillir de nouveaux membres : Cécile Duflot, Jean-Marc Germain, Linda Gourjade, Benoît Hamon, Armand Jung, Marie-Line Reynaud et Gérard Sebaoun, venus rejoindre Jean-Marc Ayrault et Valérie Fourneyron, qui sont des nôtres depuis peu. Je leur souhaite la bienvenue dans cette commission.

Nous accueillons cet après-midi M. Mego Terzian, président de Médecins Sans Frontières. Cette audition sera consacrée à l'épidémie d'Ebola, qui frappe depuis plusieurs mois l'Afrique de l'ouest, et plus particulièrement trois pays : le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée.

Monsieur le président Terzian, je veux tout d'abord rendre hommage à votre organisation, saluer le courage de vos volontaires qui ont été les premiers, et longtemps les seuls, sur le terrain, et qui se battent dans des conditions extrêmement difficiles. Nous nous réjouissons de la guérison de l'infirmière française contaminée par le virus, qui est sortie de l'hôpital il y a quelques jours. Depuis le mois de mars, seize membres de Médecins Sans Frontières ont été contaminés, dont neuf sont malheureusement décédés, malgré les précautions que vous avez déployées pour protéger ceux qui interviennent auprès des malades.

Cette épidémie, qui a déjà tué environ 3 500 personnes, menace d'être beaucoup plus meurtrière à court et à moyen terme. Les projections, comme celles des Nations unies, sont effrayantes. La perspective la plus communément évoquée est qu'Ebola fasse 20 000 morts d'ici à la fin de l'année, et beaucoup plus d'ici à un an.

Monsieur le président, vous nous ferez part de l'appréciation que vous portez sur la situation des pays où vous intervenez et sur la façon dont elle évolue. Au-delà des chiffres terrifiants que je viens de rappeler, cette épidémie pose des défis considérables à la communauté internationale, car ce n'est pas seulement une crise sanitaire, mais bien comme l'a souligné la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, mais bien une crise humanitaire, alimentaire, sociale, économique et politique, qui aura des conséquences majeures et durables.

La Banque mondiale annonce l'hypothèse d'une chute de dix à douze points de croissance pour des pays déjà exsangues, qui comptent parmi les plus fragiles et les plus déshérités d'Afrique. La résolution 2177, que le Conseil de sécurité a adoptée à l'unanimité, le 18 septembre, a qualifié l'épidémie de menace pour la paix et la sécurité internationale – ce qui est une première, s'agissant d'une crise sanitaire.

Depuis, des moyens importants ont été mis en oeuvre pour répondre à des besoins que le secrétaire général Ban Ki-moon a chiffrés à un milliard de dollars pour les six prochains mois. L'ensemble des bailleurs y participe : les institutions multilatérales, avec l'OMS, la Banque mondiale, l'Union européenne et la Banque africaine de développement. Toutes ces institutions se sont mobilisées, et de plus en plus de pays, dont trois, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni, sont les chefs de file dans les pays les plus touchés, la France en Guinée, les États-Unis au Liberia et le Royaume-Uni en Sierra Leone.

Vous nous direz également, monsieur le président, comment vous jugez la réaction de la communauté internationale face à cette crise sans précédent. Vous avez lancé un appel aux gouvernements, en leur demandant de renforcer leur présence sur le terrain plutôt que de continuer à faire des dons à MSF. Vous pourrez nous dire aussi votre sentiment sur ce que révèle cette épidémie sur les capacités des pays les plus pauvres à faire face à des catastrophes d'une telle ampleur et sur l'efficacité des politiques d'aide au développement, notamment lorsqu'elles interviennent – ou pas, d'ailleurs – sur le renforcement des systèmes de santé. Car ce qui frappe tous les spécialistes, c'est que c'est précisément dans les pays où les systèmes de santé étaient quasiment inexistants, ou extrêmement faibles, que cette épidémie a pu se développer. Elle a pris tout le monde de court et oblige la communauté internationale à réagir dans l'urgence. On ne peut pas manquer de se demander si, depuis quarante ans, on n'aurait pas pu mieux anticiper : avant l'épidémie, le Liberia ne comptait en tout et pour tout que quarante-cinq médecins pour 4,5 millions d'habitants…

Demain, nous recevons Annick Girardin, Secrétaire d'État au Développement et à la Francophonie, qui s'est rendue en Guinée. J'ai indiqué ce matin, à la Conférence des présidents, que j'avais l'intention de poursuivre les auditions avec la commission des affaires sociales, et notamment avec des instituts de virologie, pour apprécier à sa juste mesure l'intensité du phénomène et les risques de propagation : l'important est de ne pas minimiser ces risques, mais d'adopter des réactions qui leur soient proportionnées.

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