Intervention de Mego Terzian

Réunion du 7 octobre 2014 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Mego Terzian, président de Médecins Sans Frontières :

Je ne peux pas avancer de raison qui explique le retard dans la réaction de la communauté internationale. L'absence de cas dans les pays occidentaux explique peut-être la faible mobilisation.

Depuis 1976, des laboratoires, comme l'Institut Pasteur et le centre de recherches du ministère de la défense américain, analysent des prélèvements pour mettre au point un traitement et un vaccin, mais chacun a malheureusement travaillé dans son coin. À leur demande, les équipes de MSF ont transporté des prélèvements, mais jamais elles n'ont été informées de l'avancement des travaux. On peut regretter le manque de collaboration entre les laboratoires internationaux et avec MSF. Résultat : on se croirait lors d'une épidémie de peste au Moyen Âge…

Depuis la contamination de l'infirmière espagnole, on constate un sentiment de panique. Mais, logiquement, dès lors que les mesures de sécurité sanitaire et de protection sont respectées, l'accueil de personnes infectées, que ce soit aux États-Unis, en France ou en Norvège, ne présente pas de risques. Dans la prise en charge de la volontaire française de MSF, les personnels de santé ont été formés à se protéger et les mesures de décontamination et de stérilisation ont été respectées. J'ai du mal à imaginer que plusieurs cas se déclarent dans les pays occidentaux.

La fièvre jaune est un bon exemple : c'est la seule fièvre hémorragique pour laquelle nous disposons d'un vaccin. On recense toujours 200 000 cas par an, dont 30 000 morts ; mais 90 % de ces individus n'avaient pas été vaccinés. Cet exemple démontre qu'une vaccination de masse permet de contrôler plus ou moins la situation – il en est de même pour la diphtérie.

Pour endiguer l'épidémie d'Ebola, j'espère donc un exploit et la mise au point d'un vaccin. En l'absence de vaccin, le virus deviendra endémique avec des pics de temps en temps, comme ce fut le cas pour le choléra en Haïti : MSF a traité des patients pendant deux ans après l'annonce officielle de la fin de l'épidémie par le ministère de la santé. Sans vaccin, j'ai peur que nous soyons obligés de rester longtemps… D'ores et déjà, MSF a planifié un budget d'intervention pour deux ans pour traiter les cas d'Ebola en Afrique de l'Ouest.

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