Intervention de Alain Legrand

Réunion du 30 septembre 2014 à 17h00
Commission d'enquête chargée d'étudier les difficultés du monde associatif dans la période de crise actuelle, de proposeer des réponses concrètes et d'avenir pour que les associations puissent assurer leurs missions, maintenir et développer les emplois liés à leurs activités, rayonner dans la vie locale et citoyenne et conforter le

Alain Legrand, directeur général d'AIDES :

Notre président, Bruno Spire, a l'habitude de dire que nous ne sommes ni des infectiologues, ni des immunologues, mais des « rienologues ». Aussi les compétences acquises par les personnes touchées par la maladie doivent-elles être valorisées. Des compétences spécifiques sont également requises.

À cet égard, notre association a été à l'initiative de la démédicalisation du dépistage du VIH, en particulier avec le dépistage rapide réalisé par des volontaires ou des salariés de notre association. Vous imaginez le regard porté sur ces acteurs non médicaux : le moindre faux pas dans la réalisation de ces tests serait immédiatement sanctionné. Or à ce jour nous n'avons jamais rencontré de problèmes, notamment en matière de rupture de confidentialité, contrairement au dispositif public.

Ce dispositif de dépistage demande, au minimum, six jours de formation initiale et cinq jours de formation continue pour l'ensemble des intervenants – sans compter la formation continue tout au long de l'année. Or cela n'est pas financé, cela n'est même pas prévu dans le financement du dépistage. Nous avons un financement à l'acte, de 25 euros seulement, alors que nous intervenons auprès de populations extrêmement vulnérables sur des sites où la puissance publique ne veut pas aller – lieux de consommation sexuelle, milieux festifs en pleine campagne, etc. Or ces interventions requièrent des compétences très importantes et des formations qui nous coûtent très cher. Last but not least, le coût du dépistage mené par ces acteurs est aujourd'hui dix fois moins élevé que le dépistage classique réalisé en France.

Au sein de notre organisation, la notion de « compétences » ne signifie pas forcément professionnalisation avec acquisition d'un diplôme reconnu. Nos acteurs ont des compétences de terrain, liées à leur investissement et à leur situation personnelle au regard de la maladie.

Je ne m'attarderai pas sur le traçage des dons. Nous sommes tous bénéficiaires de labels de transparence et tous les documents sont communiqués via nos sites Internet. Ils sont d'ailleurs demandés par les donateurs vis-à-vis desquels nous avons un devoir de transparence.

Selon nous, c'est à l'Éducation nationale d'intervenir en milieu scolaire pour mener des actions de sensibilisation au VIH. Nous concentrons notre énergie et nos moyens sur les personnes les plus vulnérables au VIH, chez lesquelles l'épidémie se développe : détenus, toxicomanes, homosexuels, personnes prostituées. Nous serons probablement plusieurs dans cette salle à avoir connu le début et la fin de l'épidémie – elle sera éradiquée dans vingt à vingt-cinq ans, c'est simplement une question de moyens. Cet espoir est un facteur de motivation et peut favoriser le militantisme dans notre organisation.

Nous appliquons nous-mêmes des ratios puisque nos dons privés sont affectés en fonction des priorités politiques et des données épidémiologiques sur les territoires. Nous affectons 40 % de nos financements privés dans les territoires prioritaires comme l'Ile-de-France ou les départements français d'Amérique, et 40 % à 10 % sur l'ensemble du territoire, afin de compléter les financements publics. Nos ratios sont parfaitement transparents. En retour, nous demandons la même transparence de la part de la puissance publique, mais aussi des financements, car nos actions de dépistage, d'accompagnement des personnes vers le soin à l'hôpital, de maintien dans le soin, constituent de véritables missions de service public au bénéfice du dispositif de santé national.

Enfin, la première volonté des militants est de s'engager dans l'action, et non d'occuper des responsabilités. Mais il y a les combats, les colères… Nous intervenons plus spécifiquement auprès d'une population scolaire victime de discriminations que sont les jeunes gays. Ces combats sont motivants et amènent les gens à prendre des responsabilités, et nos formations à la responsabilité associative leur permettent de travailler sur les projets associatifs dans les territoires et de s'investir au niveau national.

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