Madame la ministre, le PLFSS pour 2015 est, une nouvelle fois, incantatoire ; il ne comporte aucune réforme structurelle. Vous le démontrez, du reste, en énonçant les quatre axes de votre politique. Pour 2015, hormis un prélèvement de 700 millions d'euros sur la politique familiale, vous usez des mêmes recettes que d'habitude. Une fois encore, vous consacrez un système hospitalo-centré, malgré un ONDAM en trompe-l'oeil. En effet, vous ne demandez que 500 millions d'euros d'économie au secteur hospitalier, ce qui reste très marginal comparé au budget global. En revanche, au médicament, qui représente 15 % des dépenses, vous demandez 50 % des économies, usant là encore de vieilles recettes – 500 millions d'euros sur les princeps et 500 millions d'euros sur les génériques – sans que l'on sache vraiment s'il s'agit d'une baisse de prix ou d'une promotion. Cette mesure, qui s'appliquera durant trois années, mettra en péril tout un secteur de l'industrie pharmaceutique pourvoyeur de richesses et de recettes pour le budget de la nation. Enfin, vous parlez d'innovation, mais j'ai peur que celle-ci ne soit l'arbre qui cache la forêt, puisque ne seront concernés qu'une seule molécule, une seule pathologie, et deux laboratoires. Il faudrait s'interroger, dans les années à venir, sur le financement de ces innovations et prendre en compte les économies qu'elles engendreront si nous voulons avoir une vision juste des choses. L'innovation doit rester en France, car c'est essentiel pour notre industrie. Or, les perspectives que vous tracez sont funestes, pour ne pas dire funèbres, pour l'industrie pharmaceutique dans notre pays. Mais, après tout, cela participe de la volonté du Gouvernement de démanteler tout ce qui fonctionne bien en France, tout ce qui produit de la richesse. À ce propos, j'ai rencontré hier des responsables de la fédération du bâtiment, qui se demandent bien comment ils pourront appliquer le compte pénibilité, dont les inconvénients compensent largement les avantages tirés du CICE.