La Turquie faisant partie de nos alliés de l'OTAN, il ne serait pas convenable de la surveiller ! Je ne commenterai pas plus avant ces missions.
S'agissant de la déconstruction des SNLE, madame Gosselin-Fleury, la compétence appartient au DGA. Ma responsabilité porte sur la déconstruction de la flotte de surface. Nous y procédons désormais de manière très efficace. L'ex-Colbert et l'ex-Jeanne d'Arc partiront bientôt vers Bordeaux pour leur déconstruction. C'est un flux de 10 millions d'euros par an, car nous souhaitons être particulièrement vertueux en matière de respect de l'environnement. Je comprends votre préoccupation, d'autant plus que le tour des SNA viendra bientôt et que le port de Cherbourg risque alors d'être surchargé.
Il n'est pas prévu à ce stade que l'EAMEA, pas plus que l'école des matelots ou l'école des fourriers, ne quittent Cherbourg. Je ne sais pas pourquoi on vous a dit cela. Ce n'est pas dans mes plans. Si la facture de déflation en effectifs de la marine venait à être alourdie, on reverrait naturellement l'ensemble de la copie. Mais en l'occurrence, je ne vois pas d'intérêt à déménager l'EAMEA qui vient de bénéficier de locaux neufs.
Je ne peux pas dire, monsieur le député Meunier, que le fait que la Chine constitue une flotte de haute mer représente une menace, d'autant moins que nous coopérons avec ce pays pour lutter contre la piraterie dans l'océan Indien. En mer de Chine, les pays riverains connaissent des frottements avec la marine chinoise. Nous le verrons demain dans notre ZEE, comme partout où se trouvent des ressources : le mouvement de territorialisation des océans ne s'arrêtera pas à nos frontières. Mon devoir est de signaler tous les acteurs qui, demain, joueront dans ce que j'appelle cette tectonique des puissances maritimes. Ce qui me préoccupe, c'est l'état des marines européennes aujourd'hui : la France est à cet égard un îlot de verdure dans un désert européen. La conquête des ressources à la mer, ce sera, demain, Jurassic Park : faisons en sorte que l'Europe n'y joue pas le rôle de Bambi. La Chine est la deuxième puissance maritime au monde en tonnage, elle a un besoin très important de ressources naturelles ; c'est un acteur du jeu maritime.
Je n'ai pas d'éléments précis sur les missiles antinavire chinois. J'en entends parler mais il me paraît difficile – je suis missilier balistique de formation – d'atteindre un bâtiment en mouvement avec un missile balistique. Mais pourquoi pas ? Les Chinois ont montré qu'ils étaient capables d'aveugler des satellites avec des lasers. Cependant, je me méfie. On m'expliquait, il n'y a pas longtemps, que les sous-marins étaient une arme du passé parce que les satellites les détecteraient partout : nous avons encore de la marge. Il ne faut pas se laisser prendre à la guerre des rumeurs, qui servent aux uns et aux autres à obtenir des moyens supplémentaires.