Intervention de Christophe Castaner

Séance en hémicycle du 14 octobre 2014 à 21h45
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Castaner :

Apparemment certains veulent se donner une image de bad boy. « Dîner de cons » : voilà un langage aussi violent et fleuri que celui de votre collègue Brice Hortefeux évoquant votre oeuvre, à en croire un hebdomadaire satirique à paraître demain. Je crois qu’elle mérite mieux que les qualificatifs prêtés à votre collègue.

J’ai encore en tête l’aveu de faillite d’un ancien Premier ministre, vite contredit par le Président d’alors, qui nous annonçait qu’il irait chercher la croissance avec les dents.

Depuis sept ans nous traversons une situation économique et budgétaire sans précédent, caractérisée par une croissance faible – 0,4% attendu cette année – et une inflation anormalement basse, estimée à 0,5% en 2014.

Bien sûr la crise est aussi européenne, je dirais même qu’elle est celle de l’Europe. À ceux qui espèrent une censure européenne de notre budget, je préfère opposer l’engagement de Michel Sapin, qui hier encore, au Luxembourg, défendait le modèle de développement européen. L’Europe vit un moment clé de son histoire. C’est ce que la France martèle depuis plusieurs semaines par la voix du Président de la République. Il le fait, non pas pour la France, mais pour l’Europe tout entière, car, dans ce moment, aucun pays d’Europe ne peut s’isoler ; chacun doit prendre sa part de l’intérêt général européen.

La France, pays fondateur de l’Europe, mène depuis deux ans d’importantes réformes structurelles sur son territoire et plaide au niveau européen pour une politique de soutien à la croissance et l’emploi.

Le projet de loi de finances pour 2015 maintient la trajectoire de réduction de la dette, tout en en adaptant le rythme à la conjoncture. Nous devons appliquer des stratégies différenciées selon les spécificités de chaque pays.

Dans ce contexte, la Commission européenne ne doit pas reconduire une mauvaise analyse économique et des prescriptions qui ont pu casser la reprise – j’ai en tête les constats bien tardifs de la Commission précédente.

Pour redresser le pays, le Gouvernement a fait le choix de tenir un discours de vérité sur notre situation économique et ses conséquences sur les finances publiques. Pour y remédier, il a mené des actions fortes, avec courage et détermination. L’ensemble des mesures annoncées en faveur de la croissance, la compétitivité et l’emploi, le CICE et le pacte de responsabilité et de solidarité mobiliseront un total de plus de 40 milliards d’euros.

Nous ne reculerons ni sur les moyens annoncés, ni sur le calendrier de mise en oeuvre car ces mesures sont synonymes de stabilité et d’espoir pour nos entreprises et leur activité.

L’engagement de maîtrise de la dépense sera également strictement respecté, avec un plan sans précédent de 50 milliards d’euros d’économies pour la période 2015-2017, qui permettra d’en finir avec le piteux héritage laissé trop généreusement par la droite.

Depuis deux ans et demi nous agissons. Jamais la dépense publique n’a été aussi maîtrisée que depuis 2012, un record depuis le début de la Ve République. Cet effort s’amplifie aujourd’hui sous votre autorité, messieurs les ministres.

L’État devient responsable. La réduction du train de vie de l’Élysée, qui a permis de réaliser plus de cent millions d’économies depuis le départ de Nicolas Sarkozy, suffit à le prouver. À la hausse de l’indemnité présidentielle, à l’argent public dilapidé en sondages et autres enquêtes d’opinion, nous préférons les économies !

Le rythme de réduction des déficits sera néanmoins adapté à la situation, car non seulement le Gouvernement a fait le choix de la vérité, mais il a aussi fait le choix de la responsabilité ! On ne peut malheureusement pas en dire autant de tout le monde lorsqu’on voit se multiplier les amendements dépensiers émanant des bancs de l’opposition.

C’est une situation pour le moins paradoxale quand à l’UMP, c’est la compétition à celui qui proposera le plus d’économies : 100 milliards pour l’un, 110 milliards pour l’autre, le gagnant évoquant même 130 milliards. Comment osez-vous prôner aujourd’hui une telle réduction de la dépense alors que sous la précédente mandature, vous n’avez pas eu le courage d’en proposer le dixième ?

Il faut être amnésique pour crier au scandale devant l’actuel déficit, comme vous le faites, alors que vous surfiez sur un déficit de 7,2 % en 2009.

Pourtant, si on écoute l’opposition, ici comme en commission, aucune économie n’est possible, qu’il s’agisse de faire contribuer les chambres de commerce et d’industrie à l’effort de la nation ou d’inciter les collectivités locales à maîtriser les dépenses. Pourtant, François Fillon propose de faire 55 milliards d’économies, dont la moitié sur les seules collectivités locales.

En réalité, ce que vous proposez c’est toujours plus de dépenses, comme le révèle la lecture attentive de la quasi-totalité de vos amendements.

Vous prétendez qu’une hausse de deux centimes du prix du gazole va asphyxier les Français, alors même que, sous les deux mandatures précédentes, son prix moyen est passé de 0,82 euro à presque 1,30 euro en 2012, sans que vous y ayez trouvé rien à redire.

Nous assumons notre politique budgétaire sans en oublier pour autant nos priorités. Ainsi, alors que la majorité précédente avait fait du paiement des intérêts de la dette le premier poste de dépenses de l’État, aujourd’hui c’est l’enseignement scolaire qui occupe ce rang, parce qu’il s’agit de préparer l’avenir d’un pays qui n’est pas condamné, à l’inverse de ce que vous essayez de le faire croire.

Ce projet de loi de finances veut réconcilier les valeurs et les principes qui sont les nôtres avec une pratique responsable de la gestion publique.

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