Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le président de la commission, madame la rapporteure générale, les finances de notre pays, quel vaste sujet ! Un sujet souvent réservé aux seuls initiés : je tiens à dire à cette tribune combien je suis honoré de pouvoir, moi aussi, m’exprimer sur notre budget. Rares sont les collègues qui, ne faisant pas partie de la très éminente commission des finances, peuvent avoir cette liberté – un quart des orateurs seulement dans cette discussion générale ne sont pas des commissaires aux finances. Membre de la commission des affaires économiques et chef d’entreprise, il m’est agréable de pouvoir vous délivrer un message de terrain.
De quelles finances parlons-nous aujourd’hui ? Des finances que nous n’avons pas ? Des finances que nous voulons gagner ? Des finances que nous ne voulons pas dépenser ? Et peut-être, des finances que nous n’avons pas et qu’il faudrait donc mieux ne pas dépenser ?
Une nouvelle fois, nous sommes face à un projet qui n’est pas dans la réalité économique mondiale. Qui a bloqué la consommation en refiscalisant les heures supplémentaires ? Qui a pulvérisé le pouvoir d’achat des Français en augmentant tous les impôts ? Qui massacre nos entreprises en les surchargeant de nouvelles obligations et en leur compliquant la vie ?
Oui, je vous le concède, cela fait trente-six ans que nous prenons le chemin du mur dans lequel nous venons de taper ; cela fait trente-six ans que l’exécutif national élabore des budgets en déficit, et en trente-six ans, pour mettre tout le monde d’accord, il y a eu autant de gauche que de droite !
En bon père de famille… pardon ! Il est vrai que vous avez fait disparaître cette notion de notre code civil… j’espère, madame la présidente, que je n’aurai pas d’amende ! Dans toute famille, disais-je, on évite de dépenser plus que ce que l’on a gagné.
Et pourtant, vous votez encore des budgets en déficit, en imposant plus, en taxant plus, sans vous soucier du retour productif des impôts et des taxes. Depuis deux ans, vous avez continué à asphyxier nos entreprises et nos familles. Pas dans la communication, certes, mais dans les faits, oui !
Un chef d’entreprise me disait encore ce matin qu’à salaire brut fixe, il supporte 6 % de frais de personnels en plus. Et je ne parle pas du CICE, avec ses contrôles fiscaux systématiques en retour.
Respectez enfin ceux qui prennent des risques avec leur argent ! Regardez autrement ceux que vous prenez pour des exploiteurs, mais qui hypothèquent leur maison et tous leurs biens pour gérer le système privé qui crée toute l’activité génératrice de richesses. Je parle de ceux qui entreprennent à leur compte, qu’ils aient de zéro à plusieurs milliers de salariés, qu’ils soient artisans, commerçants, chefs d’entreprise, agriculteurs, professionnels libéraux.
Tout cela ne peut fonctionner qu’à condition que nous ne consommions pas plus que ce que nous produisons. Pour cela, il faut savoir faire des économies. Or je ne les ressens pas dans la stratégie du Gouvernement.
En revanche, nos collectivités, elles, vont les sentir ! Vous proposez de les faire participer à l’effort. Il est vrai qu’elles peuvent faire des économies, mais soyez logiques et honnêtes, dites-le : vous baissez les dotations et dans le même temps, vous leur imposez de nouvelles obligations – vous avez entendu parler des rythmes scolaires, non ? Elles baisseront donc les investissements, parce qu’elles peuvent difficilement réduire leurs frais de fonctionnement – en tout cas, elles ne peuvent pas licencier –, et elles pénaliseront une nouvelle fois les entreprises, comme celles de travaux publics, qui se trouvaient tout à l’heure devant l’Assemblée !
Vous ne faites pas d’économies ! Le président de la commission des finances l’a dit tout à l’heure, vous nous faites juste assister à une « progression des dépenses qui régresse ». Au fond, vous devriez dire que « cela va être moins pire que si c’était plus grave ! »
Quand aurez-vous, par exemple, le courage de dire aux Français que continuer à embaucher sous statut de la fonction publique n’est plus tenable, pour que le système actuel puisse s’éteindre en douceur ? Est-il raisonnable d’embaucher 60 000 fonctionnaires dans l’éducation nationale ? Alors que si vous embauchez des jeunes gens d’environ 20 ans, qui vivront probablement jusqu’à 100 ans, cela représente 4 800 000 années de travail en un claquement de doigt du Président de la République !
Ayez le courage de regarder la vérité en face ! La dépense publique est menacée parce que le travail quitte notre territoire. Il y a urgence ! Urgence à laisser respirer nos entreprises pour qu’à nouveau, elles créent suffisamment de richesses.
Pour terminer, je voudrais vous dire de manière très basique, et facile à comprendre, même si l’on ne sait pas compter : il y a de moins en moins de contribuables, ils paient donc de plus en plus d’impôts, ils se sauvent ou arrêtent d’investir.
Il est temps pour Bercy de passer d’une logique comptable à une logique économique, cette logique de la grande distribution pleine de bon sens : je pratique des petits prix – des petits impôts –, je fais des petites marges – les impôts n’empêchent pas de vivre. Cela donne de plus en plus de contribuables, mais payant un impôt raisonnable, et donc, pour l’État, une plus grosse « récolte », mais plus juste et équitable.
Chacun comprendra que le travail est la seule vraie source de création de richesses. C’est cette création de richesses retrouvée qui permettra à l’État, redevenu raisonnable, d’activer la solidarité nationale, grâce à des finances assainies. Ce projet de loi de finances n’étant pas raisonnable, vous comprendrez que je ne le voterai pas.