Intervention de Romain Colas

Séance en hémicycle du 14 octobre 2014 à 21h45
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRomain Colas :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, madame la rapporteure générale, mes chers collègues, un projet de loi de finances est toujours l’incarnation d’une volonté politique et d’une méthode. Le Gouvernement et la majorité ont fait le choix, dès le début du quinquennat, d’engager la réduction du déficit, de rationaliser l’action de l’État et l’organisation administrative du pays, de les rendre plus efficaces tout en poursuivant les objectifs qui constituent pour nous l’essentiel : protéger les Français, faire progresser la France socialement et économiquement, lui permettre de tenir sa place dans le concert des nations tout en préparant l’avenir.

Oui, depuis 2012, nous constatons une baisse constante de notre déficit structurel. Oui, mois après mois, nous prenons des mesures courageuses pour assainir nos comptes publics. Oui, le projet de loi de finances qui nous est soumis, intègre les 21 milliards d’euros sur lesquels le Gouvernement s’est engagé. Oui, comme Christian Eckert l’a tout à l’heure rappelé, la France a diminué de près de moitié son déficit par rapport à 2011.

Elle l’a fait alors que des efforts budgétaires importants sont consentis pour renforcer les moyens de l’État dans les secteurs qui demeurent prioritaires de l’éducation, de la sécurité, de la justice, de l’inclusion de la jeunesse dans le monde du travail.

C’est ainsi que cette majorité fait la démonstration qu’il est possible de conjuguer gestion rigoureuse, responsabilité et ambition pour le service public.

J’entends nos collègues de droite nous expliquer que les objectifs initiaux de réduction de déficit ne sont pas tenus et que la baisse n’est pas aussi rapide qu’annoncée. Il est vrai que la compétition interne à l’UMP fait émerger des économes toujours plus zélés. Nous avons l’homme qui économise 100 milliards et qui, porté par l’élan de la campagne, passe à 110 milliards ; nous avons aussi son concurrent, l’homme qui vaut 130 milliards… Je ne doute pas que d’ici l’échéance du congrès, nous aurons atteint de nouveaux sommets sans jamais, cela va de soi, être entrés dans le détail des mesures d’économie. Force est de le constater, chers collègues : la promesse budgétaire de l’UMP, c’est le flou sur tout mais l’austérité pour tous !

Quant à nous, nous assumons clairement et sans démagogie notre politique budgétaire. Dans le contexte que traverse aujourd’hui notre continent, et particulièrement la zone euro, comme l’a brillamment rappelé Pierre-Alain Muet – contexte dont personne, ni ici à l’Assemblée nationale ni à Bruxelles, ne peut s’extraire –, nous adaptons le rythme de réduction des déficits à la conjoncture. Nous tirons les conséquences de notre volonté de ne pas sacrifier la croissance et l’emploi sur l’autel de l’austérité. Alors que s’intensifie l’effort de maîtrise des dépenses, nous soutenons le redressement de notre économie. Ce sont ainsi 26 milliards d’euros qui seront dégagés en direction de l’appareil productif dans le cadre du pacte de responsabilité et de compétitivité.

Dans le même temps, la France ne renonce pas à tenir son rang dans le monde. Elle mobilise ses troupes et ses crédits pour agir utilement, au service du droit international et de nos valeurs communes. Nous assumons – et, disons-le franchement, sans solidarité financière européenne – de lourdes dépenses d’interventions militaires au Sahel, en Centrafrique, en Irak et très prochainement en Guinée, pour lutter contre Ebola.

Sur le plan intérieur, nous assumons naturellement notre volonté de justice et de solidarité pour les Français. Après les mesures fiscales de 2014 qui ont eu pour effet de baisser l’impôt de plus de quatre millions de ménages, la proposition du Gouvernement de supprimer la première tranche de l’impôt sur le revenu bénéficiera à plus de neuf millions de foyers aux revenus modestes ou moyens. Oui, nous avons demandé et demandons des efforts à nos concitoyens ; mais ce sont des efforts maîtrisés et répartis avec le souci permanent de la justice.

Cette mesure illustre d’ailleurs bien ce qui distingue les deux côtés de cet hémicycle. En commission des finances, la semaine passée, les députés de la majorité votaient cette réduction d’impôts tandis que ceux qui s’y opposaient nous proposaient d’alléger concomitamment l’insoutenable fardeau fiscal des plus hauts revenus.

Nos différends s’illustrent aussi en ce qui concerne la préparation de l’avenir de notre pays. Je fais évidemment référence aux engagements forts que la majorité vient d’adopter dans le cadre de la loi sur la transition énergétique. Ces engagements trouvent d’ores et déjà une traduction concrète et immédiate dans le projet de loi de finances, grâce à la mise en oeuvre d’un crédit d’impôt transition énergétique. En contribuant de façon substantielle aux travaux de rénovation, il soutiendra et renforcera l’activité dans le bâtiment, diminuera progressivement le nombre des passoires thermiques qui sont coûteuses tant pour les ménages que pour la planète, et réduira les inégalités devant les dépenses d’énergie.

En définitive, le projet de loi de finances qui nous est soumis est résolument empreint de lucidité, de vérité, de responsabilité et de justice. Il est le fruit de notre volonté de redresser le pays sans sacrifier l’essentiel, et de lui permettre de toujours être au rendez-vous, aussi bien vis-à-vis des Français que des enjeux continentaux et mondiaux.

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