Nous arrivons au bout d'un processus, d'une dynamique extrêmement courageux et je voudrais saluer cette initiative du ministre, du Gouvernement et de cette assemblée, car ce n'est pas un sujet facile et vous n'avez pas choisi la voie la plus aisée, monsieur le ministre. Mettre ce projet de loi à l'ordre du jour en tout début de législature montre bien le respect que vous avez pour l'outre-mer et votre volonté de changer quelque chose au fond.
J'insiste sur ce point, car s'attaquer à la vie chère pourrait donner le sentiment qu'on ne fait que prendre quelques petites mesures. Or, de mon point de vue, on s'attaque ici à l'un des grands problèmes de l'outre-mer. Je tiens à dire à mon collègue Daniel Gibbes, qui est aussi mon ami, que je n'ai jamais entendu dire ici que cette loi allait tout régler. Nous avons été clairs, nous avons dit que c'était une étape et qu'il fallait absolument, dans la structure même de la confection du mal développement, trouver des solutions claires, nettes et propres.
Lutter contre la « profitation » – excellente expression créole – donne à mon avis le ton de toute la ligne politique : au fond, il s'agit de lutter contre l'ultralibéralisme financier du capitalisme. On se donne la possibilité de créer une démocratie économique beaucoup plus ouverte, plus solidaire, avec une croissance partagée par tous et qui se voit aussi dans le panier de la ménagère.
Et lorsque l'on entend notre collègue parler de la Nouvelle-Calédonie où les prix sont de 90 % plus élevés qu'en métropole, c'est extrêmement grave. Ce n'est plus de la « profitation », c'est un massacre économique !
Puisque je m'exprime également au nom de mon collègue Jean-Claude Fruteau, absent ce soir, je ne peux pas, cher Daniel Gibbes, vous laisser dire que la délégation aux outre-mer serait en désaccord avec le ministre. Cette délégation a un excellent président, qui organise de très nombreuses réunions. Et chaque fois que le ministre y est convié, il a à coeur de répondre à chacun en particulier.
Vous avez parlé, cher collègue, du passé : la LODEOM, c'est un milliard d'euros pour l'outre-mer. En conjuguant un milliard en dynamique d'investissement, on aboutit à la suppression d'une grande partie de la défiscalisation. La LODEOM, ce sont 137 mesures, des mesures intéressantes, notamment sur la coopération, mais insuffisantes de mon point de vue car s'apparentant à un saupoudrage qui n'a pas permis de s'attaquer au fond.
Le projet de loi relatif à la régulation économique outre-mer constituant une première étape, nous attendons avec impatience un projet de loi en faveur de l'outre-mer en matière d'agriculture. Nous attendons également une modification de l'article 349 du traité de Lisbonne ainsi qu'une politique beaucoup plus puissante en faveur de la jeunesse. Dès lors que 64 % des jeunes de moins de vingt-sept sont au chômage, nous nous devons d'apporter une solution plus massive que ponctuelle.
Il est important également de rappeler que ce projet de loi est le résultat de la concertation qui s'est déroulée dans l'ensemble des régions d'outre-mer, et qui ne s'appuie pas sur une stigmatisation. Le débat sur la défiscalisation montre un réel malaise. Le Gouvernement, le ministre et la majorité cherchent les voies d'une mutation économique capable de porter une croissance qui ne soit ni dépendante, ni soumise,…