Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 15 octobre 2014 à 16h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

Je me félicite que le rapporteur pour avis ait choisi de traiter de cette problématique de l'engagement. Il donne à voir, à l'inverse de ce que véhiculent parfois les médias, une image positive de nombreux jeunes.

La valorisation de l'engagement doit se faire dans les associations de proximité et de quartier, bien sûr, mais aussi dans les grandes associations d'éducation populaire, dont les initiatives permettent aux jeunes gens d'avoir accès à la culture, aux loisirs, à la connaissance en général. Je pense à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), au Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC), aux Francas, etc. Des expériences intéressantes y sont menées en matière de renouvellement des directions, notamment à la JOC : pour permettre aux jeunes de s'engager tout en poursuivant leurs études ou leur activité salariée, la présidence est de courte durée et le jeune dispose d'une année pour se réinsérer dans la vie universitaire ou professionnelle. Beaucoup de jeunes peuvent ainsi s'engager et prendre des responsabilités.

J'ai eu le plaisir de retrouver sur les bancs de l'Assemblée nationale deux jeunes qui avaient animé des associations au temps du Conseil national de la jeunesse, dans les années 2000. Ce qui m'amène à la préoccupation exprimée par les précédents orateurs : l'engagement ne concerne pas seulement la vie associative. Ce rapport nous incite aussi à nous pencher sur l'engagement syndical et politique des jeunes, qu'ils soient lycéens ou étudiants. La sous-syndicalisation des universités est bien connue. Peut-être faut-il travailler, comme un rapport de notre Commission l'avait montré au sujet de la vie lycéenne, à une meilleure reconnaissance de l'utilité des propositions de ceux qui se sont engagés dans les établissements.

En matière d'engagement politique, on évoque les conseils municipaux de jeunes, mais je pense que l'on devrait aussi se pencher sur tous ces collectifs citoyens qui éclosent dans nos communes et prônent de nouvelles pratiques et une démocratie plus participative. Il est parfois difficile d'avoir avec eux une confrontation d'idées sur les positionnements et les valeurs : il arrive qu'ils tendent à devenir des outils pour une reconnaissance plus personnelle de l'individu dans la perspective de l'exercice de responsabilités politiques.

Quelques mots, tout de même, sur le budget. Puisque la jeunesse, a-t-on dit, est une priorité, j'aurais aimé que l'effort en faveur de l'éducation nationale se prolonge vers le ministère de la jeunesse et des sports, dont j'estime qu'il est partie intégrante du pôle éducatif. La baisse des subventions aux associations est un mauvais signal donné à l'engagement des jeunes. Le recours massif aux appels à projets – 74 % des subventions accordées – revient à instrumentaliser les bénévoles, qui ne peuvent plus exprimer librement les missions de leur association.

Pour que le service civique atteigne l'objectif des 100 000 jeunes, 150 millions d'euros, on le sait, sont nécessaires. Je partage l'avis du rapporteur lorsqu'il se dit défavorable à toute réduction ou modulation de l'indemnité. Le Comité interministériel de la jeunesse n'est-il pas le lieu où l'on doit mettre les autres ministères devant leurs responsabilités pour qu'ils participent au financement du service civique ?

Dans le domaine du sport, les clubs doivent avoir les moyens pour accueillir les jeunes. À l'évidence, il faudra rediscuter des missions du CDNS, qui sont devenues incompréhensibles. Mais il faudrait aussi inciter les clubs et les fédérations sportives à développer la vie démocratique afin de permettre aux jeunes licenciés d'être, non plus des « consommateurs » sportifs, mais de véritables acteurs de la vie de ces structures.

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