Je vous remercie de m'accueillir une nouvelle fois dans votre Commission.
M. Benoist Apparu a brillamment présenté les évolutions importantes que connaît le réseau français à l'étranger et les problèmes auxquels il est confronté. Nous assistons en réalité à la transformation du ministère des affaires étrangères en un ministère de l'action extérieure, dont l'emblème est la nouvelle direction générale de la mondialisation.
Il ne s'agit pas simplement de la volonté de récupérer l'ensemble des directions internationales des ministères : c'est une évolution de long terme à laquelle le ministre est attaché et qui révolutionnera la manière dont la France se projette dans le monde et dans la mondialisation.
Le bilan de l'Institut français est d'autant plus positif que sa mise en place s'est heurtée à de fortes oppositions à l'intérieur du réseau. Le ministère a dû un peu forcer le processus, mais celui-ci s'est globalement bien déroulé. Sur le terrain, néanmoins, je constate que les fusions se sont parfois faites au détriment des personnels. Les contrats, la prise en compte de l'ancienneté, etc., ont posé de gros problèmes. On ne le voit pas forcément en France, mais, à l'étranger, on bricole beaucoup en matière de contrats. J'ai donc une pensée pour ces agents dont le travail fait le rayonnement de la France et qui ont parfois dû abandonner les avantages qu'ils avaient acquis.
Vous avez raison de souligner, monsieur le rapporteur pour avis, le risque de doublon entre l'action des instituts et celle des alliances françaises. Le réseau des alliances françaises est historiquement très implanté. Il fait partie du paysage local. Et, avantage considérable par les temps qui courent, les alliances sont des associations de droit privé local qui s'autofinancent en grande partie. Les postes mis à disposition par l'État sont de plus en plus rares et l'aide du ministère des affaires étrangère se réduit régulièrement. L'objet des alliances n'est pas seulement de « vendre » des cours de français : elles sont souvent de vrais outils du rayonnement culturel de la France ; dans certains pays, ce sont des centres culturels à part entière. Elles sont très présentes en Amérique latine, par exemple. Il y a quelques années, il y en avait plus d'une centaine en Argentine. On se demande parfois quel est le rôle des instituts français face à un réseau aussi puissant !
Il est donc important de réfléchir à la manière dont la réforme pourra organiser un modus vivendi entre ces deux acteurs du réseau culturel et jouer de leur complémentarité.
Vous avez raison d'estimer qu'il faut prendre un peu de temps pour décider de la gouvernance. Pour ma part, je pense que le rayonnement ne se résume pas à la promotion de nos produits culturels : il se nourrit aussi d'échange et de partage, et une gouvernance ancrée localement me semble de ce point de vue plus pertinente qu'un pilotage à distance.
Concernant l'AEFE, la suppression de la PEC – unanimement demandée – et la mise en place de bourses n'ont pas réglé tous les problèmes. Environ 21 % des enfants français scolarisés à l'étranger ont droit à des bourses, mais la demande s'accroît alors que budget est étale. On voit des bourses qui étaient de 100 % passer à 70 %, voire à 42 %. Je m'étonne que vous ne mettiez pas en exergue la diminution du budget de l'Agence alors que celle-ci doit répondre à une demande croissante et à une extension du réseau par la création de nouveaux établissements.