Intervention de Michel Herbillon

Réunion du 14 octobre 2014 à 17h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Herbillon :

Madame la ministre, le groupe UMP vous souhaite la bienvenue et la réussite de votre mission.

Mais force est de constater que cette deuxième partie du quinquennat risque fort de ressembler à la première en matière culturelle, tant votre action s'inscrit dans la continuité de celle de votre prédécesseure.

Cela est décevant pour le groupe UMP car cette première partie a consisté à défaire tout ce qui avait été fait par la précédente majorité et à abandonner ou remettre en cause les projets initiés. Ce fut le cas pour le centre national de la musique, le musée de la photo à Paris ou le centre d'art Lascaux IV. En outre, aucun projet culturel d'ampleur n'a émergé avec ce gouvernement alors que chaque domaine de la politique culturelle a eu droit à son rapport d'information ou à sa commission de réflexion. Le bilan se limite au seul projet de loi sur l'audiovisuel, dont la portée est assez limitée.

Cela fait de longs mois que nous attendons le projet de loi sur le patrimoine, toujours annoncé par votre prédécesseur et toujours reporté. Il en est de même du projet de loi sur la création ou d'une loi sur la presse et l'Agence France-Presse (AFP), que vous n'avez d'ailleurs pas citée dans votre intervention. Quant à l'éducation artistique et culturelle, votre prédécesseur en a parlé beaucoup plus sous forme d'incantation, sans mise en oeuvre concrète.

Votre mission n'est certes pas simple et vous avez été nommée dans vos fonctions alors que les principaux arbitrages budgétaires étaient déjà rendus. Mais si votre budget est sanctuarisé, les deux années précédentes se sont traduites par une saignée inédite depuis le début de la Ve République dans tous les domaines de la culture, avec 4 % de baisse en 2013 et 2 % en 2014 – en contradiction totale avec les propos du candidat Hollande qui, le 18 mars 2012, a annoncé au Salon du livre que ce budget serait préservé. Il est vrai que ces propos tranchaient avec ceux de Martine Aubry, qui avait indiqué au Festival d'Avignon, en tant que Première secrétaire du Parti socialiste, vouloir augmenter ce budget de 30 à 50 % ! On a vu ce qui s'est passé en 2013 et en 2014.

Mais vous vous contentez de bien peu, puisqu'avec une maigre progression de 0,3 %, le budget de la culture baissera au regard de l'inflation. D'autant qu'il cache des coupes budgétaires importantes, dont nous aurons l'occasion de débattre. On comprend que vous préconisiez – par commodité ou par habileté – une méthode non comptable !

Nous attendons des actions claires et précises ainsi que des intentions enfin mises en oeuvre. Depuis un mois et demi, nous reconnaissons dans vos déclarations l'ancienne ministre chargée du numérique : si je salue votre volonté d'apporter un certain modernisme et de mettre en avant l'audiovisuel et le numérique, je veux vous rappeler que le patrimoine, le livre, la presse, le spectacle vivant, les industries culturelles, les musées, le marché de l'art, le cinéma ou le régime des intermittents sont aussi des sujets importants, appelant de votre part une ambition et des réponses à leurs problèmes.

Enfin, la Philharmonie de Paris, qui avait été initiée par la précédente majorité, devrait faire la fierté de tous, d'autant qu'elle est le seul projet culturel actuel en France : alors que nous sommes à trois mois de son ouverture, ses ambitions sont remises en cause. Maintenez-vous la vocation internationale de cet établissement ? Au moment où la Mairie de Paris se désengage, allez-vous assumer au nom de l'État les engagements financiers, tant en matière d'investissement que de fonctionnement, nécessaires à la réussite de ce projet ?

Bref, notre position est exigeante et constructive et nous attendons des réponses claires et un calendrier précis pour faire en sorte que cette deuxième partie du quinquennat puisse effacer l'échec de la première.

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