Je suis heureux, en tant que chef d'état-major de l'armée de l'air, de pouvoir partager devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, une nouvelle fois, mais toujours avec la même fierté, une vision du travail accompli par les aviateurs et des enjeux auxquels ils devront faire face, particulièrement pour l'année 2015, année charnière pour l'armée de l'air sur de nombreux aspects.
L'armée de l'air est engagée en permanence dans les trois missions qui lui sont assignées dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale : dissuader, protéger, intervenir. Nous venons de fêter, à Istres, les cinquante ans des forces aériennes stratégiques. Nous devons protéger les espaces souverains au-dessus du territoire national.
Ce qui caractérise nos interventions, c'est la réactivité. Elle se mesure en minutes pour la permanence opérationnelle ; elle se compte en heures pour intervenir n'importe où, n'importe quand, sur un large spectre d'opérations allant de la mission humanitaire à la haute intensité.
Dans une période contrainte, pour pouvoir maintenir à la fois l'adhésion des aviateurs et préparer l'avenir, nous avons développé le plan « Unis pour faire face » qui s'inscrit dans la vision CAP 2020 du chef d'état-major des armées. Cette vision s'appuie sur quatre piliers : la modernisation des capacités de combat, la simplification des structures, le développement des partenariats et la valorisation de l'aviateur.
La démarche est capacitaire. Il ne peut y avoir de modernisation avec un nouvel appareil sans revoir l'organisation, sans voir comment on peut élargir les compétences de nos aviateurs et à quel partenariat européen cela peut ouvrir. C'est à travers cette cohérence d'ensemble que nous avons construite que je vais vous présenter les points clés pour l'armée de l'air en 2015.
L'armée de l'air assure des missions intérieures et extérieures qui sont déclenchées, la plupart du temps, sous très faible préavis. La zone d'opérations extérieures s'étend sur des surfaces considérables puisqu'elles vont du Mali à l'Irak en passant par la République centrafricaine (RCA), alors que de nombreux aviateurs continuent d'assurer des fonctions essentielles sur la base aérienne de Kaboul, en Afghanistan.
Le spectre d'actions est toujours plus large. Le 10 août dernier, seulement vingt-quatre heures après l'ordre présidentiel, le premier avion transportant de l'aide humanitaire se posait à Erbil, en Irak. Le 15 septembre, nos Rafale basés au Moyen-Orient débutaient les missions de reconnaissance au-dessus de l'Irak et, le 19 septembre, sur ordre présidentiel, les frappes sur les troupes de Daech débutaient. Depuis, notre mission en Irak se poursuit.
On me demande souvent pourquoi nos avions ne frappent pas plus en Irak. Nous sommes là-bas pour pouvoir assurer, au sein d'une coalition, la liberté de mouvement, sur leurs espaces terrestres, des forces irakiennes qui se reconstruisent et essaient de s'entraîner pour repartir à l'attaque et garantir la souveraineté de l'État. Le fait d'avoir en permanence, sur un grand pays comme l'Irak, un ou plusieurs appareils capables de détecter et de frapper des troupes de Daech a un effet militaire plus important que l'attaque d'un pick-up. Il est nécessaire pour cela de multiplier le nombre d'appareils et d'assurer une présence jour et nuit.
Dans la nuit du 9 au 10 octobre dernier, une opération interarmées, combinée avec les forces spéciales mettant en oeuvre nos drones Reaper et des avions Rafale, a permis de détruire un convoi de véhicules armés d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qui transportait des armes de la Libye vers le Mali. De la mission humanitaire comme à Erbil, à l'opération de renseignement comme en Irak, en passant par l'opération plus coercitive comme dans le nord du Mali, on voit que nos aviateurs sont engagés fortement aux côtés de leurs camarades des autres armées et sous l'autorité du chef d'état-major des armées.
En parallèle, l'armée de l'air assure la sûreté aérienne. En 2014, l'activité de sûreté aérienne a été augmentée de 80 % par rapport à 2013, en raison en partie de l'implication de l'armée de l'air dans les nombreux dispositifs particuliers de sûreté aérienne qui ont jalonné les commémorations du débarquement, sur les plages de Normandie et ailleurs. Nos aviateurs qui sont engagés dans les missions de protection effectuent aussi des missions de sauvegarde. Depuis le début de l'année 2014, quarante-deux opérations héliportées ont été conduites qui ont permis de sauver trente-neuf victimes. C'est, par exemple, le triplé du 27 mars avec une évacuation sanitaire et deux sauvetages en mer par nos hélicoptères de Solenzara. Et je vous rappelle que l'alerte de sûreté aérienne concerne aujourd'hui huit avions de chasse répartis sur quatre plots, cinq hélicoptères, quatre centres de détection et de contrôle et neuf bases aériennes, un AWACS, un avion ravitailleur, sans oublier les systèmes de défense sol-air et les systèmes de détection.
Je porte une grande admiration à l'égard de la dissuasion qui existe sans discontinuer depuis maintenant cinquante ans. Des exercices de montée en puissance mettent en oeuvre quatre fois par an l'ensemble des forces aériennes stratégiques, des moyens offensifs et défensifs de l'armée de l'air dans un contexte de haute intensité atteignant un niveau de réalisme unique au monde dans un environnement simulé extrêmement non permissif. Cette mission nous tire également vers le haut pour les missions conventionnelles.
Aujourd'hui, dans un souci d'optimisation, les moyens des forces aériennes stratégiques sont intégrés dans les contrats conventionnels. C'est la raison pour laquelle des ravitailleurs et des Rafale sont engagés en Afrique et dans le Golfe. Sans ces moyens, nous ne pourrions plus assurer nos contrats opérationnels.
Mais les aviateurs sont également en alerte pour d'autres missions, comme les évacuations sanitaires. Cette nuit encore, un avion a décollé de Villacoublay pour aller chercher en Afrique un soldat français gravement malade. Chaque militaire a l'assurance qu'il sera rapatrié dans les meilleurs délais, où qu'il soit, dans un hôpital parisien.
Ces missions permanentes ont structuré les compétences de nos aviateurs et nos capacités. L'arme aérienne, partout, sur le territoire national comme à l'extérieur, est toujours engagée avec une grande réactivité.
La clé de voûte du succès des engagements, c'est la capacité de commandement et de conduite. Nous assurons en permanence, à Lyon, la veille et la détection des menaces potentielles au-dessus de l'espace aérien national. C'est à partir de Lyon également que sont commandés nos moyens qui opèrent actuellement en Afrique : la structure air est placée sous le commandement de l'opération Barkhane pour la bande sahélo-saharienne (BSS), de l'opération Sangaris pour la RCA, de l'opération Sabre pour la partie opérations spéciales et de la mission européenne installée en Grèce, à Larissa, pour la partie transport.
Ce regroupement nous a permis d'optimiser les moyens matériels déployés sur le théâtre et les moyens humains qui concourent à ce centre de commandement, puisque l'on trouve dans la même salle des officiers qui participent à toutes ces missions et assurent également la défense aérienne sur le territoire. Par exemple, le 5 août dernier, les Rafale déployés dans le cadre de l'opération Barkhane sont intervenus en RCA pour dégager nos troupes qui étaient prises sous le feu d'ex-Seleka. Grâce à ce commandement unifié, nous sommes capables d'optimiser les moyens, ce qui nous a permis de retirer quelques avions du théâtre des opérations. L'optimisation concerne aussi nos avions de transport, qui peuvent être envoyés sur tous ces théâtres à partir de leur base de déploiement. Aujourd'hui, les personnels sont très engagés. Pour économiser les moyens humains, il fallait leur permettre d'évoluer, c'est-à-dire de travailler sur plusieurs théâtres à la fois.
La base aérienne représente la deuxième clé du succès des opérations aériennes. C'est le système élémentaire de combat de l'armée de l'air. De plus en plus, nos appareils sont dotés d'une allonge stratégique importante. Grâce aux A400M, aux avions de combat ou aux ravitailleurs, nous pouvons aujourd'hui intervenir, au moins au début d'une opération, depuis nos bases aériennes en métropole ou prépositionnées. Ainsi, la base aérienne prépositionnée dans le Golfe nous a permis d'intervenir très rapidement en Irak. Les opérations les plus récentes ont permis de démontrer que, grâce au système de bases aériennes associées au centre permanent de Lyon, nous pouvons réagir en quelques heures.
Quand tous les aéroports civils ferment une partie de la nuit, nos bases aériennes sont toujours ouvertes, et la quasi-totalité est activable ou activée 24 heures sur 24, 365 jours par an. Aussi sont-elles utilisées pour d'autres missions, par exemple pour les dons d'organes.
La structure des bases aériennes est en cours d'adaptation. Cette réorganisation doit aboutir à un nouveau modèle, dit Base aérienne XXI, ayant pour but de placer sous l'autorité du commandant de base, dès lors qu'il s'agit de missions opérationnelles, la totalité des moyens, notamment ceux de soutien – infrastructures, administration, service de santé –, sans lesquels le niveau de réactivité ne serait pas atteint. Trois bases aériennes sont passées dans ce format dès cet été ; la totalité des bases l'aura fait en 2015.
L'activité, c'est-à-dire par exemple les heures de vol, est le moteur de notre performance. Elle est essentielle pour que nos équipages puissent être entraînés à réagir dans la totalité du spectre avec le niveau de réactivité dont je viens de vous parler. Les efforts financiers consentis sur l'entretien programmé des matériels (EPM) par la loi de programmation militaire (LPM), avec une augmentation en volume de 4,3 % en moyenne par an sur 2013-2015, participeront à l'arrêt de la chute de l'activité constatée depuis 2012, et causée en grande partie par la sous-dotation chronique du maintien en condition opérationnelle (MCO).
Dans l'enveloppe qui a été fixée et qui permet de stopper cette chute, nous avons déterminé trois leviers permettant de remonter l'activité au niveau requis – elle avait baissé de 15 à 20 %, ce qui, dans la durée, n'est pas tenable. Le premier est prévu par le Livre blanc, avec la réduction des formats. Nous consacrerons donc davantage de moyens aux heures de vol qui restent.
Le deuxième levier concerne l'amélioration des performances du MCO aéronautique. À cet égard, je tiens à saluer ici le remarquable travail de la SIMMAD dans la mise en oeuvre du projet CAP 16 visant à restructurer les contrats du MCO autour de l'activité en lieu et place de la notion de disponibilité. Nous recentrons tout le MCO aéronautique avec les industriels autour de plateaux, notamment dans la région de Bordeaux et sur nos bases aériennes. Ainsi, en 2015, nous paierons les heures de vol du Rafale 14 % de moins qu'auparavant. Mais nous pouvons faire encore mieux. Ainsi, nous avons commencé à renégocier les contrats de MCO pour tous nos équipements. Cela nous a permis d'avoir une certaine crédibilité. Le ministre m'a confié, par délégation du chef d'état-major des armées, la performance du MCO aéronautique pour l'ensemble des armées. Pour ce faire, un secrétariat permanent interarmées a été créé, auquel participent les autres armées et la DGA qui viennent travailler sous mon autorité pour assurer cette mission. Nous avons également engagé une démarche volontariste dans le cadre de la réorganisation de la supply chain.
Le troisième levier, c'est l'entraînement différencié avec le fameux projet « Cognac 2016 ». Pour assurer le niveau de réactivité sur toutes les missions, nous avons besoin d'un entraînement fort, c'est-à-dire de 250 heures, dont 70 sur simulateur, ce que nous ne sommes pas capables de faire aujourd'hui. Parallèlement, la réalisation des contrats de l'aviation de chasse fixés par le Livre blanc requiert 290 équipages. Pour diminuer le poids financier, nous avons choisi d'en entraîner cinquante différemment à travers la mise en place d'un avion d'entraînement dont le système d'arme peut être configuré comme celui d'un Rafale. Ces équipages n'effectueront que quarante heures sur Rafale, mais leurs compétences seront réactivées sous très court préavis pour assurer la continuité des opérations. Cela nous fait gagner beaucoup d'argent et de MCO, mais c'est aussi un moyen d'avoir des unités de première ligne parfaitement entraînées et un réservoir d'équipages capables d'assurer la capacité à durer. Je viens de passer deux week-ends sur les théâtres d'opérations et j'ai été frappé par la multiplication des engagements de nos aviateurs.
Ces différents leviers devraient nous permettre de remonter le niveau d'activité à compter de 2016 vers le niveau souhaité. Pour ce faire, il nous faut impérativement respecter le projet « Cognac 2016 », alors que sa mise en oeuvre a déjà été reportée à 2017, et la LPM dans sa partie entretien programmé du matériel (EPM). Par ailleurs, les surcoûts OPEX doivent bénéficier d'une couverture budgétaire complète.
L'autre point qui me tient à coeur concerne les aviateurs. Ils sont notre richesse, mais aussi notre vulnérabilité, moins en raison du volume de déflation que l'on nous demande que du rythme de la déflation. Entre 2008 et 2014, l'armée de l'air a diminué ses effectifs de 16 000 personnes, fermé douze bases aériennes et quinze unités majeures. Sur les deux dernières années, près de 5 000 postes ont été supprimés. Pour 2014, la déflation représente sur une seule année 5 % des effectifs du budget opérationnel de programme « air ». Ce rythme très fort risque de poser des problèmes de maintien de certaines compétences et de préparation de l'avenir. Ce qui nous attend en 2015, c'est le départ de plus d'un millier de personnels, dont 200 officiers.
Les réorganisations fonctionnelles ont déjà été faites lors de la précédente loi de programmation militaire. Nous ne pourrons pas baisser les effectifs sans procéder à des restructurations. Celles-ci s'articulent autour de la fermeture de bases aériennes ou de plates-formes aéronautiques, ce qui nous permet de densifier d'autres pôles sur le territoire national.
Nous sommes très vigilants sur la population des officiers. Autant les aviateurs comprennent la nécessité de diminuer les effectifs, puisque c'est la condition pour continuer à moderniser les capacités – encore doivent-ils voir la modernisation arriver vraiment sur nos parkings –, autant les efforts demandés sur les officiers sont très compliqués. En effet, il est très difficile d'aligner le taux d'officiers sur celui de la période précédant la révision générale des politiques publiques (RGPP). Je continue à avoir besoin d'officiers en raison de la cyberdéfense et parce que nous avons des structures de commandement et de conduite. Bien sûr, nous tiendrons les objectifs de déflation de masse salariale, mais je ne pense pas pouvoir atteindre celui de déflation envisagé pour les officiers.
Nous valorisons le personnel par une gestion des compétences plus dynamique et plus personnalisée. De nombreux projets sont mis en oeuvre et une refonte totale de la mobilité vient d'être terminée. Nous le valorisons aussi par un travail sur l'identité, sur la reconnaissance des militaires engagés en opération ainsi que sur le territoire national. Ceux qui travaillent à Lyon, par exemple, méritent la même reconnaissance que ceux déployés en Afrique. Enfin, cela passe aussi par le dialogue entre toutes les catégories de personnel en dynamisant les structures de concertation. Même si nous continuons de diminuer nos effectifs, nous avons besoin de maintenir un recrutement en nombre et de qualité. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé une grande campagne de recrutement sur les chaînes de télévision à la fin du mois de septembre.
Les capacités sont indispensables pour moderniser notre aptitude à réaliser les missions. La démarche capacitaire menée par l'armée de l'air est tout sauf une liste adressée au père Noël : elle repose sur la modernisation de nos structures, la valorisation de nos aviateurs qui s'inscrivent dans un plan de déflation d'effectifs et dans la réalisation de nos contrats opérationnels. Nous devons être plus particulièrement vigilants en 2015 sur la poursuite du programme SCCOA (système de commandement et de conduite des opérations aérospatiales) conformément au calendrier prévu. Il intègre l'acquisition de radars de nouvelle génération – la couverture aérienne est aujourd'hui affaiblie dans certains endroits –, la commande du troisième centre ACCS (Air Command and Control System), c'est-à-dire la rénovation de notre système de commandement et de conduite des opérations, la rénovation du système de surveillance spatial des satellites en orbite basse (GRAVES), enfin la rénovation de la composante C2 mobile, qui sera l'un des piliers de la Nato Response Force, cette composante de l'OTAN que l'armée de l'air française assurera à partir du 1er janvier 2015. Enfin, nous attendons aussi la livraison de deux AWACS. Ces programmes s'inscrivent dans une démarche d'avenir et de réflexion sur le système de combat aérien du futur.
En matière de capacité de renseignement et de surveillance, un troisième vecteur Reaper sera commandé, venant ainsi compléter le système existant. Je précise qu'ils sont extrêmement utilisés aujourd'hui en Afrique. Un système de trois Reaper supplémentaires devrait être acquis au plus tôt, peut-être en 2015, ainsi que des avions ISR légers. Ces petits avions nous permettront de compléter les drones. Ces programmes s'inscrivent dans une démarche plus globale de fusion des capteurs.
Nous continuons de recevoir des Rafale destinés au deuxième escadron nucléaire, qui sera opérationnel en 2018. Ils remplaceront les Mirage 2000N qui sont à bout de course. Avec le Rafale, on entretient une dynamique de modernisation permanente, car on voit que les théâtres d'opérations ne cessent d'évoluer. C'est tout l'objet du standard F3R qui a été signé par le ministre de la Défense à la fin de l'année dernière et qui nous permettra de moderniser le pod de désignation laser, qui est l'un de nos points faibles sur les théâtres d'opérations.
L'année 2015 verra aussi la modernisation des Mirage M2000D. Comme nous avons étalé les commandes du Rafale, nous avons besoin de prolonger les Mirage 2000. Il s'agit d'un simple traitement d'obsolescences pour que nous puissions les utiliser jusqu'en 2025, de manière à maintenir les volumes prévus par le Livre blanc et déclinés dans la LPM.
J'appelle tout particulièrement votre attention sur les armements, notamment la poursuite de la production d'armements air-sol modulaire (A2SM), bombes parfaitement adaptées aux Rafale, qui font partie d'une famille que nous pourrons continuer à moderniser.
En matière de projection, je veux souligner deux enjeux majeurs. Le premier est la poursuite de la livraison des A400M : le sixième arrivera le mois prochain et quatre autres sont prévus en 2015. Utilisés en capacité opérationnelle, ils sillonnent tous les théâtres d'opérations et nous ouvrent des voies nouvelles.
Le deuxième est la commande d'avions ravitailleurs de type MRTT (Multi Role Tanker Transport), qui est notre grande priorité. La commande du premier appareil est attendue d'ici à la fin de l'année et celle des huit suivants pour 2015. Notre but est d'affermir la commande des trois derniers au plus tôt. L'âge de nos ravitailleurs l'impose : qui aimerait voyager aujourd'hui dans un Boeing contemporain de la Caravelle ?
La formation et l'entraînement passent surtout par le projet « Cognac 2016 », dont la réalisation a déjà été décalée à 2017. Sa vertu première est de nous faire gagner beaucoup d'argent en matière d'EPM et de carburants : 110 millions d'euros d'économies par an au titre du programme 178. Autrement dit, chaque année de report nous fait perdre cette possibilité d'économiser et obère nos capacités d'entraînement. Vous comprendrez pourquoi je suis si attaché à ce projet qui nous permet de faire mieux à l'intérieur d'un budget contraint.
Ainsi, 2015 est une année majeure pour la construction du plan stratégique de l'armée de l'air. Modernisation, ressources humaines, organisation : toutes les dimensions sont imbriquées les unes dans les autres. Prenons l'exemple du système de commandement et de conduite des opérations : si nous pouvons avancer la fermeture d'un centre de radars en 2015, alors nous serons en mesure de dégager du personnel, lequel viendra soutenir les restructurations. Cette cohérence nous rend forts : la LPM nous assure de continuer à progresser, sous réserve de son plein et entier respect.
L'optimisation portée par ce plan présente toutefois une fragilité : si l'une de ses composantes était mise à mal, les conséquences se feraient ressentir sur toutes les autres. Si nos aviateurs sont prêts à accepter les efforts qu'on leur demande, c'est à condition que la cohérence de ce plan soit préservée.
Pour finir, je dirai la très grande admiration que m'inspirent les aviateurs que j'ai eu l'occasion de rencontrer lors des deux week-ends que j'ai passés auprès d'eux, dans le Golfe puis en Afrique : auprès de leurs camarades des autres armées, ils exercent des missions difficiles dans des conditions ardues, et même si certains ont, au cours de cette année 2014, participé à plusieurs opérations, leur motivation reste intacte. La LPM nous permettra de leur assurer de meilleures conditions de vie et de travail, sous réserve qu'elle soit pleinement respectée.