De par sa composition civile et militaire et ses statuts, l'ASAF estime qu'il n'y a pas de rupture entre les combattants d'hier et d'aujourd'hui. Nous exprimons notre satisfaction quant aux conditions d'attribution de la carte du combattant. Malgré les assurances répétées, nous restons vigilants sur le maintien de la retraite mutualiste du combattant.
Nous regrettons que les cérémonies du centenaire de la Première Guerre mondiale aient occulté les termes « courage », « sens du devoir », « patriotisme » et « abnégation » pour préférer celui de « boucherie ». À l'occasion du 70e anniversaire du débarquement, il est dommage que la France n'ait pas davantage mis en avant le rôle fondamental joué par les Français, notamment en matière de renseignement, dans la réussite de l'offensive alliée du 6 juin 1944. J'avoue ne pas avoir compris les raisons de l'internationalisation du 14 juillet 2014 : fallait-il en faire un hymne à la paix à la veille de la célébration du centième anniversaire de l'entrée en guerre ? N'aurait-il pas été préférable de privilégier la notion d'union sacrée entre les Français ? Si la France doit bien entendu reconnaître ses responsabilités, il faut rappeler aux Français le massacre des 50 000 hommes, femmes et enfants par le Front de libération nationale (FLN) à la fin de la guerre d'Algérie : la journée nationale d'hommage aux harkis, tenue juste après l'égorgement de notre compatriote M. Hervé Gourdel, aurait été l'occasion d'évoquer cette tragédie.
L'ASAF souhaite bénéficier du soutien des autorités administratives françaises dans l'action que va relancer l'un de ses membres pour participer à l'identification des 600 soldats français disparus au cours de la guerre d'Algérie et qui demeurent une plaie ouverte pour les familles concernées.
M. Kader Arif place les célébrations des événements des guerres mondiales sous les auspices de la paix, mais l'on peut se demander s'il est judicieux de centrer notre mémoire sur ce thème, alors que la Deuxième Guerre mondiale s'est poursuivie sous la forme de la guerre froide contre le communisme, totalitarisme tout aussi meurtrier que le nazisme, au moins pour les populations vivant sous un tel régime. Aujourd'hui, la France combat un nouveau totalitarisme, le djihadisme islamique, et nous savons que la meilleure façon de défendre la paix réside dans l'octroi des moyens nécessaires au combat contre l'ennemi multiforme et fanatique.
Les corps de quatre personnes entreront au Panthéon en 2015. Si trois d'entre elles font l'unanimité, un grand nombre d'associations rejette le choix de M. Jean Zay, pour lequel elles n'ont d'ailleurs pas été consultées. Pour le remplacer, l'ASAF pense qu'il serait préférable de transférer les restes d'un jeune résistant de 20 ans, garçon ou fille, mort pour la France dans la lutte contre les Allemands ; cela donnerait à la cérémonie au Panthéon une dimension nouvelle impliquant les jeunes générations. La France n'a pas manqué de jeunes héros au cours de cette période douloureuse, et ceux-ci sont de nature à rassembler les Français plutôt qu'à exacerber nos divisions. Nous proposerons une liste de cinq noms de jeunes, aux vies courtes mais exemplaires.
Si plus de 80 % des Français ont confiance dans leur armée, très peu la connaissent ; la suppression du service national est loin d'être la seule cause de ce lien distendu entre l'armée et la Nation. Ainsi, les reportages sur nos forces dans les médias télévisuels s'avèrent presque inexistants, et les opérations extérieures apparaissent d'autant plus complexes que les buts de guerre ne sont guère explicités. L'armée, continuellement amputée et paupérisée, est de moins en moins visible, comme l'atteste le fait que plus d'un tiers des départements ne comptent aucune garnison ; elle se trouve maintenue dans un silence d'un autre temps. Quels sont les Français qui ont entendu ou vu le chef d'état-major des armées, pourtant à la tête de 250 000 hommes, dont 10 000 en opérations de guerre. Je me permets d'insister sur le malaise grandissant qui ronge notre armée ; elle a le sentiment qu'on la pressure excessivement et, au regard de la situation dans les autres administrations, elle se demande, à contrecoeur, si la syndicalisation n'est pas, en désespoir de cause et de manière paradoxale, l'ultime moyen pour que cessent la dislocation de l'institution militaire et la détérioration des conditions de vie et de travail. Le haut commandement se doit d'intervenir avec force et clarté pour que les Français prennent conscience de la gravité de la situation, faute de quoi ceux-ci la découvriront lors d'événements graves dont la résolution nécessitera alors une armée robuste et disciplinée qu'ils n'auront plus.