Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 7 octobre 2014 à 18h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Nous prévoyons 200 hommes pour la durée de la surveillance.

Après cette audition, je rencontrerai le président de la République pour évoquer la lutte contre l'État islamique et les événements qui viennent d'avoir lieu à Kobané. Je dirai notamment au président qu'il est nécessaire de clarifier la stratégie d'ensemble de la coalition avec tous ses membres. Un grand quotidien français a relevé à juste titre que ceux-ci n'avaient pas tous les mêmes objectifs. Il faut faire en sorte que tel soit désormais le cas : il s'agit d'une condition indispensable pour réussir. La prochaine réunion des chefs d'état-major sera une étape, mais elle ne sera pas suffisante. Maintenant que nous savons qui fera partie de la coalition, nous devons mener une réflexion commune sur les objectifs et sur la stratégie. Car d'autres Kobané peuvent tomber.

Le programme Scorpion sera engagé très rapidement, dans les jours ou les semaines qui viennent : la discussion avec l'industriel est sur le point de s'achever. Ce n'est pas nous qui avons souhaité attendre, et il est temps d'aboutir : Scorpion est une nécessité pour l'armée de terre ; il permettra de renouveler l'ensemble de nos moyens, notamment de remplacer les véhicules de l'avant blindés (VAB) et les AMX 10 RC. Il sera lancé et exécuté conformément aux prévisions de la LPM.

La renégociation de l'ensemble des contrats avec les industries de défense est presque achevée. Je ferai en sorte que les contrats soient intégralement respectés. De plus, les grands industriels ont tous signé le pacte Défense PME, qui comprend quarante mesures visant à placer les PME dans une position de coopération plutôt que de sous-traitance vis-à-vis de ces grands groupes. J'ai pu constater que le pacte était mis en oeuvre. L'ensemble des industries de défense, y compris les PME, bénéficient du dynamisme des exportations d'armement : en 2013, celles-ci ont augmenté de plus de 40 % par rapport à 2012 ; en 2014, elles devraient s'établir au moins à leur niveau de 2013, voire au-delà. Ces contrats sont très importants et les perspectives sont bonnes.

Monsieur Marty, les crédits d'investissement du ministère de la Défense progresseront en 2015 : ils atteindront 16,7 milliards d'euros contre 16,4 milliards en 2014. Je rappelle, en outre, la méthode que j'ai utilisée pour préparer la LPM. Le point de départ a été de faire admettre aux autorités chargées d'arbitrer que nous étions arrivés à un niveau de dépenses militaires incompressible. Je me réjouis que cette ligne de défense – qui n'a d'ailleurs pas varié – ait été validée, même s'il convient de rester en permanence vigilant. Le montant nominal des dépenses – 31,4 milliards d'euros – doit donc rester le même. En d'autres termes, la contribution faciale du ministère de la Défense au redressement des comptes public se résume à la non-compensation de l'inflation. Cette norme étant validée, il me revenait d'arbitrer la répartition de cette enveloppe de 31,4 milliards. Il était d'abord nécessaire de renforcer la préparation opérationnelle des forces et le maintien en condition opérationnelle (MCO), sur lesquels on avait tendance à rogner auparavant. Je tiens à ce que les crédits consacrés à la préparation opérationnelle progressent de manière sensible chaque année : ils augmenteront de 4,5 % en 2015. Il est en effet essentiel pour le moral des troupes de maintenir la préparation opérationnelle et le MCO à un niveau suffisant. Ensuite, il fallait engager un certain nombre d'actions indispensables, notamment en matière de forces spéciales, de renseignement, de drones et de cyberdéfense. Une fois ces dépenses imputées sur l'enveloppe de 31,4 milliards, j'en ai déduit le chiffre de déflation des effectifs, et non l'inverse.

Il est vrai que les menaces se sont concrétisées, mais elles avaient toutes été identifiées dans le Livre blanc et dans la LPM, tant les « menaces de la force » que « les risques de la faiblesse » et la menace terroriste. Le modèle d'armée et les moyens affectés en tiennent donc compte. À la fin de l'exercice de déflation des effectifs, l'armée française sera toujours la première armée européenne. Elle sera plus opérationnelle et plus cohérente, avec des militaires formés et performants. Comme les chefs militaires, je souhaiterais que les effectifs soient un peu plus élevés. Néanmoins, nous sommes aujourd'hui en mesure d'intervenir conformément à nos choix stratégiques, sans que cela entraîne de difficulté particulière : nos soldats sont à l'oeuvre, ils sont bien formés et agissent de manière cohérente et avec professionnalisme. De même, lorsque nous avions passé en revue l'ensemble de nos prépositionnements dans le cadre du Livre blanc et de la LPM, nous avions décidé de maintenir en l'état notre base d'Al-Dhafra à Abou Dabi. Au vu des développements en Irak, il est heureux que nous ayons fait un tel choix.

Je vous ai déjà fait part de notre évaluation concernant l'armement – chars, véhicules blindés à quatre roues motrices, lance-roquettes, etc. – dont dispose l'armée terroriste en Irak et en Syrie. L'essentiel de ces armes a été pris aux armées irakienne et syrienne. Il s'agit de matériel américain ou russe de bonne qualité. À la différence d'autres groupes terroristes, les combattants de l'État islamique savent s'en servir. En revanche, heureusement, ils ne disposent que d'une capacité sol-air marginale, avec laquelle ils ont néanmoins réussi à toucher un hélicoptère.

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