Intervention de Nicolas Dhuicq

Réunion du 7 octobre 2014 à 18h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dhuicq :

Je suis étonné que nous envoyions en Ukraine des drones qui seraient plus utiles ailleurs. Je ne pense pas que la situation en Ukraine menace la sécurité de l'Europe. Les sanctions contre la Russie sont absurdes : elles vont coûter, au bas mot, 600 millions d'euros à l'économie française, en particulier à l'agriculture. Enfin, je suis inquiet que le chef de l'État n'ait que des contacts informels avec le président russe.

Quelle est notre pensée stratégique en matière d'OPEX ? Je ne la vois pas. La Turquie, en particulier le président Erdogan – dont chacun devrait lire les discours –, a intérêt à ce que les Kurdes se fassent massacrer : il n'a pas du tout envie que la Turquie devienne une fédération. Nous risquons donc d'assister à la fin des Kurdes. Quant à l'intervention turque, elle sera très mesurée, pour peu que M. Erdogan cède aux injonctions américaines. D'ailleurs, que faudra-t-il lui donner en échange ?

Vous parlez, monsieur le ministre, d'objectifs communs, mais l'Arabie Saoudite et le Qatar, nous le savons, ont toujours eu deux agendas. Au passage, mes collègues et moi-même avons reçu de l'ambassadeur du Qatar une brochure de 200 pages qui vante les performances du pays en matière de droits de l'homme. Tenons-nous-le pour dit : nous sommes associés avec un État qui défend les droits de l'homme ! Les travailleurs immigrés au Qatar apprécieront !

En Irak et en Syrie, nous sommes confrontés à des forces qui ont le culte de la mort, et l'avantage technologique dont nous disposions depuis la Renaissance se réduit. À cela s'ajoutent la baisse des effectifs militaires, l'usure des matériels, la diminution de la taille des régiments, la disparition du lien entre les territoires et les forces armées, compte tenu des fermetures d'implantations qu'impliquent nos efforts de rationalisation. Au lieu de favoriser la création de richesses, nous cédons au dogme de la réduction de la dette et nous augmentons les impôts ! Notre politique est complètement incohérente !

Le Pacifique Sud présente un intérêt stratégique et économique majeur pour la France, notamment du point de vue de l'accès aux matières premières. Or, en raison de ce qui va se produire en Nouvelle-Calédonie dans les années à venir, il n'est plus guère question de cette zone : on ne s'intéresse plus aux nodules polymétalliques ni aux mines de nickel, alors que les Chinois vont probablement ouvrir une mine importante dans le secteur dit indépendantiste. En Afghanistan, où nous avons mené une opération, la plus grande mine de cuivre du pays sera là aussi chinoise. À mon grand désespoir, le Livre blanc ne contient qu'une brève phrase sur l'accès aux matières premières, et encore n'y est-il question que des métaux rares. Quelqu'un se préoccupe-t-il de l'accès aux matières premières dans le Pacifique Sud ?

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