Ma critique à l'égard des tarifs sociaux se limite à dire qu'ils peinent à toucher leur cible et ne sont pas à la hauteur des enjeux, ayant d'ores et déjà montré leurs limites, en dépit de la loi Brottes qui les a généralisés. À mon sens, le chèque énergie a vocation à compléter et enrichir les dispositifs actuels – et s'il montre toute son efficacité, les tarifs sociaux tomberont d'eux-mêmes. Je ne suggère donc pas de remettre en cause le système actuel, mais de faire mieux en lui donnant une dimension plus équitable, par un élargissement à l'ensemble de nos concitoyens, quel que soit le mode d'énergie auquel ils ont recours. Il n'est pas normal qu'une personne disposant de faibles ressources et se chauffant au gaz puisse cumuler deux aides pour un montant total de 200 euros en moyenne – ce qui est assez proche du chèque énergie –, alors qu'une autre, ne se chauffant ni au gaz ni à l'électricité, n'a quasiment droit à rien. Le système a montré ses limites. Il il faut donc l'enrichir, ce qui est l'objet du chèque énergie. J'ai beaucoup de respect pour les fournisseurs historiques – notamment pour EDF, une maison que je connais bien pour y avoir débuté ma carrière et pour siéger actuellement à son conseil d'administration en tant que représentant de l'État –, mais je considère qu'il ne leur appartient pas de faire de la redistribution, qui doit relever de la politique publique. Je précise par ailleurs un point qui n'est pas forcément connu, à savoir le fait que les réductions de facture – ainsi que les frais de gestion qu'elles entraînent – sont répercutées sur l'ensemble des consommateurs ; là encore, c'est un inconvénient que ne présente pas le chèque énergie.