Mon général, je ne partage pas votre point de vue sur la LPM, qui ne me paraît pas à la hauteur des ambitions qui figurent dans le Livre blanc, ce que tout votre propos a par ailleurs tendu à démontrer. Dans tous les domaines, nous sommes en train de manger notre capital et de reporter les échéances.
J'étais vendredi à Bayonne, avec le 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine – mon ancien régiment – pour fêter la Saint-Michel. Autrefois, tous les paras de chaque régiment sautaient à l'occasion de ce qui était une grande fête. À Bayonne, seuls huit chuteurs ont sauté, et c'était d'un avion loué au ParaClub de Pau ! C'est une réalité que le 1er RPIMa, qui donne tant à nos armées, vit assez mal. Les SAS, qui ne manquent pas d'humour, se sont par ailleurs rebaptisés les « SAS Rotofil », car, en l'absence de budget pour confier le débroussaillage à une société extérieure, ils sont obligés d'entretenir eux-mêmes les fossés de la citadelle de Bayonne… Les chirurgiens et les médecins entretiennent-ils eux-mêmes les plates-bandes de leurs hôpitaux ? Les enseignants celles de leurs lycées ?
Vous avez dit les choses avec modération, et on ne peut qu'admirer votre maniement de la langue française, mais ne nous le cachons pas : il y a un énorme problème. L'écart entre les capacités nominales de nos forces armées, telles qu'elles sont décrites dans le Livre blanc ou la LPM, et la réalité sur le terrain ne cesse de s'accroître.