Intervention de Général Pierre de Villiers

Réunion du 7 octobre 2014 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées (CEMA :

Je n'en suis pas persuadé, même si j'ai longtemps eu cette impression. Le budget de la Défense représentait presque 5 % du PIB après la guerre d'Algérie, il sera de 1,3 % à la fin de la LPM. Les armées n'ont cessé de se réformer, et toujours dans le même sens. On ne peut pas faire mieux avec moins, vous avez raison sur ce point. Mais nous faisons au mieux. Si l'on se réfère à la cohérence du projet et aux ambitions politiques affichées, j'estime que nous rendons une bonne copie.

Je conviens volontiers des difficultés rencontrées. Il arrive que seulement 50 % des hélicoptères soient opérationnels. À d'autres moments, on remonte à 65 ou 70 %, parfois à 80 % en opérations. L'usure des équipements – notamment les Puma, les Alouette III, certaines Gazelle – se fait sentir. La part des appareils en maintenance et celle des appareils indisponibles sont à peu près équivalentes. Les problèmes sont dus à la température, au sable, aux turbines. J'ai d'ailleurs mené à ce sujet un plan d'action pour les hélicoptères avec le délégué général pour l'armement et l'industriel concerné. Précisons que les autres pays rencontrent des difficultés comparables.

La durée de l'entraînement est proche des seuils prévus – quatre-vingt-dix jours pour l'armée de terre, 180 heures pour les pilotes. Elle ne les atteint pas encore, c'est pourquoi nous la ferons augmenter à partir de 2016. L'entraînement est encore inégal selon les équipements. Des pilotes de char, par exemple, partent en opérations sur d'autres types de matériel. Globalement, toutefois, le tableau n'est pas si sombre.

L'accompagnement, monsieur Pueyo, doit d'abord porter sur la condition du personnel, comme l'exige toute réforme en profondeur. Nous disposons de 42 millions d'euros par an, soit deux fois moins que la LPM précédente. Je ne suis pas sûr que ce sera suffisant.

L'accompagnement consiste d'autre part à aider les personnes à partir en leur proposant un pécule, une promotion fonctionnelle, etc. Nous en sommes à la première année du dispositif et je ne suis pas encore en mesure de faire un bilan. Il y aura certainement des retouches à apporter pour faire partir les personnes dans de bonnes conditions et sur la base du volontariat. Je doute en effet que l'on atteigne l'objectif de 1 000 départs d'officiers cette année.

Dans les forces prépositionnées, l'effectif de 12 300 sera réduit de 1 100 personnes, réparties à parts égales entre les forces de présence et les forces de souveraineté. Nous sommes en train d'y travailler.

Les forces de présence au Sénégal sont de 350 personnes. Celles de Libreville passeront à un effectif identique. Dans les deux cas, il s'agit de pôles de coopération comportant des détachements d'instruction opérationnelle beaucoup mieux organisés et efficaces qu'auparavant.

À côté de cette « classe 300 », nous avons deux gros pôles qui représentent la « classe 1 000 » : Djibouti, dont l'effectif va baisser légèrement – la cible étant de 1 200 ou 1 300 personnes, en conservant la composante aérienne et la composante terrestre –, et Abidjan, dont l'effectif va augmenter.

S'agissant de réduction des effectifs des forces de souveraineté, la réflexion est en cours.

J'ai pris connaissance avec intérêt des arrêts de la CEDH. Le communiqué du ministre de la Défense à ce sujet est parfait : premièrement, nous prenons acte ; deuxièmement, nous travaillons déjà à la rénovation de la concertation ; troisièmement, nous n'ignorons pas que les arrêts seront d'une manière ou d'une autre exécutoires.

Le ministre a aussi affirmé que les syndicats dans l'armée ne sont pas à l'ordre du jour. Ce n'est d'ailleurs pas une exigence de la CEDH, qui parle de droit d'association et de représentation. Depuis plus d'un an, sur ordre du Président de la République, nous réfléchissons à l'amélioration de la concertation. C'est un sujet qui m'est cher. Notre dispositif, j'en suis persuadé, n'est pas optimal. Peut-être ces arrêts nous donneront-ils l'occasion d'améliorer encore les choses. Mais la ligne rouge est claire : nous n'irons pas vers la création de syndicats.

Précisons que ce dossier très technique et juridique est interministériel. Il concerne le ministère de l'Intérieur, puisque la gendarmerie est visée, et le ministère des Affaires étrangères, puisqu'il s'agit de la décision d'une Cour européenne.

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