Or a-t-on bien évalué dans la durée le coût du parcours de soins d’un malade atteint d’hépatite C ? Si de nouveaux médicaments comme le Sovaldi permettent d’envisager des guérisons, cela veut aussi dire que, mathématiquement, certains coûts diminueront, de même que le nombre de séjours hospitaliers. Il faut objectiver ces économies et en tirer les conséquences sur l’organisation de notre système de soins.
De plus, l’innovation et le progrès ne concernent pas exclusivement le médicament. L’imagerie interventionnelle elle aussi a fait des progrès considérables : c’est le cas pour le traitement de certaines tumeurs cancéreuses du rein qui exigeaient autrefois des interventions et des soins lourds et peuvent aujourd’hui être prises en charge quasiment en ambulatoire.
Plus classiquement, il en va de même des poses de prothèse de la hanche, pour lesquelles les patients sont hospitalisés à présent deux à trois jours contre huit à dix jours, plus un séjour en cure de rééducation il y a quelque temps encore. Le progrès médical peut engendrer une révolution de la prise en charge avec des conséquences non négligeables sur l’organisation des soins, en particulier à l’hôpital. Avez-vous seulement évalué ces évolutions ? Comment les traduisez-vous en termes de réorganisation hospitalière par exemple ? Comment sont concrétisées les économies potentielles ?
Plus globalement, la Cour des comptes parlait l’an dernier de près de 5 milliards d’économies potentielles si l’on généralisait la chirurgie ambulatoire. Avez-vous pris en compte cet aspect ?
Ne pensez-vous pas, madame la secrétaire d’État, que le moment est venu de concrétiser ces économies et d’en anticiper les conséquences ? Nous savons bien que les établissements de santé, publics et privés, affichent des durées moyennes de séjour supérieures à la moyenne dans toutes les spécialités. Envisagez-vous d’anticiper l’évolution des prises en charge en diminuant par exemple le nombre de lits hospitaliers, en reconfigurant l’offre hospitalière, y compris en adaptant les effectifs aux nouvelles organisations ?
Quand de plus en plus de chimiothérapies sont administrées oralement et que des consultations externes remplacent bien des séjours, l’hôpital ne peut continuer de financer ses coûts de structure avec les tarifs de ces consultations ! Face au train d’innovations qui va encore révolutionner la prise en charge de nombreuses pathologies, refuser d’anticiper ces évolutions, c’est fragiliser une fois de plus la solidarité au service de la santé et préparer les déficits futurs.
À défaut d’anticiper pour tirer pleinement profit de ce progrès médical et des innovations, je crains que la situation financière de notre système de santé ne continue de se dégrader, ce qui vous contraindra tôt ou tard, hélas, à transférer ces 30 milliards d’euros et plus de déficit à la CADES, c’est-à-dire aux générations futures.