Intervention de Yannick Favennec

Réunion du 15 octobre 2014 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Favennec :

L'industrie papetière et l'ensemble de la filière souffrent fortement à la fois de la crise économique et de la dématérialisation des documents, qui entraîne une baisse du volume de papier vendu. Au-delà de la question du recyclage, pensez-vous à des pistes pour réhabiliter la culture du papier en France, qui pâtit notamment de clichés concernant la déforestation ?

Comment voyez-vous l'avenir de la filière graphique ? L'imprimerie de labeur, en particulier, avec ses salariés hautement qualifiés, est actuellement en difficulté. Les évolutions numériques la soumettent à une forte concurrence. Le manque de vision stratégique et l'absence de politique industrielle nationale dans ce domaine ne sont-ils pas, en partie, les causes de cette crise ?

François-Michel Lambert. Un rapport de cette qualité suppose que l'on ait pris le temps de rencontrer tous les acteurs, de comprendre les enjeux puis de faire progresser la réflexion au-delà du cadre existant. Du reste, comme vous l'avez indiqué, ce travail remarquable trouve déjà une traduction législative.

Cela doit avoir valeur de symbole : notre industrie peut se redresser et reconquérir des parts de marché notables face à la dérégulation mondiale, à condition d'adopter un nouveau modèle de coopération entre les acteurs. Vous avez donné le bel exemple de cette réunion sans précédent de toute la filière pour discuter de la chaîne de valeur et de la répartition de la valeur tout au long de cette chaîne. Car lorsqu'un des maillons n'a pas un niveau de valeur suffisant pour résister, c'est l'ensemble du système qui risque de s'effondrer.

Nous devons entrer dans cette économie de coopération – des chercheurs ont même créé à ce sujet le mot-valise de « coopétition ». La seule chance de la filière cellulose est d'envisager la ressource sous l'angle de l'économie circulaire, en y intégrant la dimension de la RSE : jamais les enjeux environnementaux et sociaux ne doivent être perdus de vue.

Vous rappelez aussi à quel point les talents humains sont des leviers de compétitivité importants. Dans une France gaspilleuse d'énergie et de ressources, l'économie circulaire nous ferait retrouver rapidement les moyens d'être compétitifs.

La performance doit être ancrée dans les territoires. De ce point de vue, nous devrons oeuvrer à ce que le volet « compétences » de la réforme territoriale intègre la notion d'économie circulaire. Les régions, en premier lieu, mais aussi les intercommunalités doivent être en mesure d'organiser cette nouvelle dynamique économique ancrée dans le territoire, à l'origine de davantage d'appropriation et de davantage de solidité.

En France, il est difficile de mener des expérimentations. Pourriez-vous préciser comment vous envisagez l'organisation concrète de celles que vous préconisez ?

Pourriez-vous également revenir sur la question du statut du déchet ?

Par ailleurs, il faudrait davantage insister sur la guerre des ressources. Dans ma circonscription, un projet de centrale à bois dont la consommation prévue est d'un million de tonnes par an est en train de faire monter le prix du bois pour la papeterie située à cinquante kilomètres de là.

Le rapport d'information que Mme Sophie Rohfritsch et moi-même avons consacré à la biomasse recommandait la mise en place d'un schéma national biomasse. Cette disposition a été intégrée au projet de loi relatif à la transition énergétique, preuve que nos travaux contribuent à la construction législative.

Comme le disait le commissaire européen à l'environnement Janez Potočnik, il faut aller vers une économie circulaire où chaque kilo, chaque litre de ressource doit être utilisé de façon optimale.

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