Intervention de Jean-Marc Pastor

Réunion du 24 octobre 2012 à 17h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Jean-Marc Pastor, sénateur, rapporteur :

Comme l'ensemble des pays développés ou émergeants, notre pays se trouve aujourd'hui confronté à la nécessité d'engager une transition énergétique. Cette transition, elle résulte de deux contraintes majeures. La première c'est le renchérissement et, à terme, la raréfaction des énergies fossiles. La deuxième, c'est le réchauffement climatique qui implique une réduction très importante de nos émissions de gaz à effet de serre.

Notre pays a connu, depuis la révolution industrielle, plusieurs transitions du même type. La dernière en date, après le premier choc pétrolier, a modifié notre façon de produire l'électricité. Nous avons remplacé les centrales électriques à flamme par des centrales nucléaires. Ces centrales, avec nos barrages construits après-guerre, nous ont permis de faire face à quatre priorités stratégiques.

La première priorité est une production électrique suffisante et adaptée, en énergie et en puissance. En effet, au cours des trente dernières années, notre consommation intérieure d'électricité, tirée par une démographie et une économie orientées à la hausse, s'est accrue deux fois plus vite que la consommation d'énergie, en passant d'un peu plus de 150 TWh au début des années 1970 à près de 500 TWh aujourd'hui.

La deuxième priorité est l'indépendance énergétique. Grâce à l'électricité produite par nos centrales et nos barrages, notre taux d'indépendance énergétique est proche de 50 %. A cet égard, M. Bernard Bigot, administrateur général du CEA et président du comité de coordination de l'ANCRE, a rappelé à l'occasion de l'audition du 25 septembre 2012 que notre pays importe la quasi-totalité des énergies fossiles qu'il consomme. En 2011, le coût de ces importations, soit 62 milliards d'euros, correspondait, à peu près, au déficit de notre balance commerciale contre 23 milliards d'euros en 2006, soit une augmentation de 200 % en cinq ans.

La troisième priorité est la préservation du développement de notre tissu économique et industriel par une énergie peu chère et de qualité. Les chocs pétroliers ont démontré que la disponibilité en énergie constitue une composante essentielle de la croissance économique. Notre production électrique à la fois stable et à bas coût a fourni une assise de long terme à la croissance en France.

La quatrième priorité est la neutralité environnementale de notre outil de production électrique. Les données fournies par l'Agence internationale de l'énergie sur les émissions de CO2 par pays montrent que la France, pour produire une unité de PIB, diffuse deux fois moins de CO2 que l'Allemagne.

La transition énergétique à venir devra répondre aux mêmes priorités stratégiques que la précédente. Mais cette fois, elle doit nous permettre de nous affranchir, pour partie, des énergies fossiles émettrices de CO2, dans toutes leurs applications énergétiques. Or, ces ressources fossiles, et tout particulièrement les hydrocarbures, nous permettent aujourd'hui de disposer en grande quantité, à tout moment et en tous lieux, d'une énergie très concentrée, ce à un coût relativement modéré.

Les énergies renouvelables, telles l'éolien et le solaire, peuvent fournir l'électricité en quantité mais leur intermittence ne permet pas d'en disposer à tout moment et leur caractère diffus rend coûteux le transport de l'électricité qu'elles génèrent. En tant que vecteur énergétique, l'hydrogène peut contribuer à les compléter, en assurant le stockage de l'énergie et son transport.

Il faut dire que l'hydrogène est un élément tout à fait remarquable par ses caractéristiques physiques et chimiques. C'est à la fois le plus petit, le plus léger et le plus répandu des atomes, avec 75 % de la masse visible du cosmos.

Mais s'il est très répandu, il ne se trouve que rarement seul. En général, il s'associe avec de l'oxygène, pour former de l'eau, ou avec du carbone, par exemple pour faire du méthane. Contrairement aux hydrocarbures, l'hydrogène n'existe pas dans le sous-sol à l'état pur. Il existe différents moyens techniques de production de l'hydrogène : extraction chimique, à partir d'un hydrocarbure, par exemple par reformatage du gaz naturel ou du biogaz (méthane) par catalyse chimique (thermique), électrolyse de l'eau ou production biologique.

Le reformatage du méthane est une réaction chimique, il n'y a pas besoin d'apport électrique lors de cette réaction. Il faut toutefois noter que, pour établir les conditions nécessaires à cette réaction (hautes températures), il faudra « apporter » de l'énergie (ici de l'énergie thermique). Cet apport d'énergie thermique est néanmoins en partie compensé par la production d'énergie thermique lors de la réaction chimique. Le rendement obtenu est de 80 %.

Au contraire, pour l'électrolyse de l'eau, il faut un apport d'électricité pour produire de l'hydrogène. Avec une alimentation en énergie électrique renouvelable, comme l'hydroélectricité, l'éolien ou le photovoltaïque, l'électrolyse de l'eau permet de produire de l'hydrogène sans pollution ou presque, avec un rendement de 50 à 70 %, voire au-delà.

Il s'agit donc d'un vecteur énergétique.

Je vais à présent redonner la parole à Laurent Kalinowski qui va brièvement vous parler des applications de l'hydrogène.

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