Intervention de Laurent Kalinowski

Réunion du 24 octobre 2012 à 17h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Kalinowski, député, rapporteur :

Comme vous l'a expliqué Jean-Marc Pastor, l'hydrogène a des propriétés remarquables. Je voudrais en ajouter une très importante pour la question qui nous occupe : l'hydrogène est à poids égal l'élément le plus énergétique. Par exemple, un kilogramme d'hydrogène contient trois fois la valeur énergétique d'un kilogramme d'essence.

Une fois qu'il a été produit, de préférence sans émission de CO2, à partir de la biomasse ou par électrolyse de l'eau, puis transporté jusqu'à son lieu d'utilisation, sous pression ou sous forme liquide, dans des réservoirs ou des pipelines, l'hydrogène peut être utilisé pour diverses applications.

Faute de temps, je passe rapidement sur ces questions importantes de la production et du transport mais vous pourrez trouver plus de détail dans notre étude de faisabilité. Pour la même raison, je ne vais vous parler que des deux principales applications de l'hydrogène énergie.

La première application, que Jean-Marc Pastor vient d'évoquer, concerne le stockage massif d'énergie, notamment en liaison avec les énergies renouvelables intermittentes. Aujourd'hui, seuls nos barrages nous permettent de stocker de grandes quantités d'énergie électrique par le système du pompage-turbinage. Demain, l'énergie produite par les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques pourrait être transformée en hydrogène par le procédé d'électrolyse de l'eau. L'oxygène et l'hydrogène ainsi obtenus pourraient être utilisés pour produire à nouveau de l'électricité lorsqu'elle est nécessaire. Lorsque nous l'avons auditionné, M. Bernard Bigot, Administrateur général du CEA, a évoqué le projet MYRTE qui utilise ce mécanisme en Corse pour assurer une production continue à partir de 3.700 m2 de panneaux solaires.

La deuxième grande application de l'hydrogène concerne les transports, en remplacement des hydrocarbures de plus en plus coûteux. Plusieurs centaines de voitures à hydrogène circulent déjà dans le monde. Il s'agit en fait de véhicules hybrides disposant également de moteurs et de batteries électriques. Ils ont aujourd'hui une autonomie supérieure à 500 kilomètres et peuvent être rechargés en quelques minutes (sous réserve de trouver une station à hydrogène évidemment). Justement, l'Allemagne et le Japon prévoient de déployer d'ici 2015 respectivement 50 et 100 stations de ce type. Les constructeurs automobiles des deux pays ont tous annoncés qu'ils commercialiseraient d'ici 2015 des voitures à hydrogène, Daimler vient même d'avancer la sortie de son modèle d'une année.

Les applications de l'hydrogène dans les transports pourraient un jour aussi concerner la navigation et l'aéronautique. D'ores et déjà certains sous-marins sont propulsés par l'hydrogène, qui leur permet de disposer d'une autonomie de plusieurs mois en mer. Quelques modèles de drones utilisent aussi l'hydrogène. Quant aux fusées elles font de plus en plus appel au potentiel énergétique exceptionnel de l'hydrogène, c'est notamment le cas d'Ariane.

L'hydrogène a bien d'autres applications énergétiques que je n'aurai pas le temps de décrire : en remplacement des batteries pour l'alimentation des appareils portables, dans les groupes électrogènes, pour la cogénération, c'est-à-dire la production simultanée d'électricité et de chaleur, dans les bâtiments (des milliers de foyers coréens et japonais l'utilisent déjà).

L'intérêt de l'hydrogène, en tant que vecteur énergétique, est justement sa capacité à satisfaire une très large palette de besoins.

Je redonne la parole à Jean-Marc Pastor qui va conclure notre présentation.

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