Le budget de l'Académie des technologies a été de 1 171 400 d'euros en 2010, 1 423 841 d'euros en 2011, 1 482 240 d'euros en 2012 et serait, selon le PLF pour 2013, de 1 378 483 d'euros, soit une diminution de 103 757 d'euros.
Elle est en phase ascendante et son activité est en croissance permanente depuis sa création ; ses travaux sont de plus en plus nombreux et portent souvent sur des sujets à forte composante d'acceptabilité sociale (nanotechnologies, biotechnologies, OGM, sources d'énergie etc…). Les pouvoirs publics font appel à elle ; ses membres sont bénévoles ; une réduction de son budget, dont le montant est peu élevé, porterait gravement atteinte à ses « capacités de fonctionnement »
Pour ce qui est de la recherche duale, je suis membre du Conseil scientifique de défense, lequel a largement débattu des questions soulevées par le président Jean-Yves Le Déaut. La recherche duale souffre d'une synergie insuffisante. Ainsi, pour préparer le futur, il n'existe pas de simulation en trois dimensions sur le matériel militaire, à la différence de ce qu'on trouve dans le secteur civil, lequel a su créer un univers virtuel à travers les jeux vidéo. Or, on ne fera des progrès que si la simulation militaire s'approprie les techniques du secteur civil, ce que je ferai valoir dans quelques jours lors d'un entretien avec le ministre de la Défense.
Mon expérience de 40 années chez Dassault et les relations que j'ai nouées avec des interlocuteurs tels que la délégation générale pour l'armement, m'ont convaincu que le décloisonnement est un facteur clé pour assurer un tel transfert. Celui-ci pourrait permettre aux militaires, en se rapprochant du monde civil, d'accomplir des progrès phénoménaux.
Pour ce qui est des freins à l'innovation, le constat du président Jean-Yves Le Déaut est largement partagé, la question étant posée de savoir pourquoi la France ne parvient pas à tirer parti de sa recherche. Il convient, selon moi, d'améliorer la chaîne de passage de la recherche à l'innovation, et l'état d'esprit des chercheurs. Dans cette perspective, les instituts de recherche technologique (IRT) financés dans le cadre des investissements d'avenir permettent le rapprochement entre les chercheurs et les créateurs de start-up, en vue de transformer les inventions en innovation, celle-ci pouvant être définie comme « l'industrialisation des inventions ».
Les freins à l'innovation résultent d'un état d'esprit. S'il est important d'obtenir des Prix Nobel, il n'en est pas moins important de se préoccuper des applications des découvertes scientifiques.
Il est possible d'accomplir des progrès et de surmonter ces freins, comme le montre l'exemple de l'Institut européen d'innovation et de technologie créé en 2008 par Mme Androula Vassiliou, Commissaire européenne pour l'éducation, la culture, le multilinguisme, le sport et la jeunesse. Cet institut réunit des chercheurs doctorants et des entreprises. Aux premiers, des cours à l'entrepreneuriat sont dispensés en vue de les sensibiliser à l'innovation. Le succès de cet institut a été tel que son budget, qui s'établit à 320 millions d'euros dans le cadre de l'actuel PCRD (programme cadre de recherche et de développement) sera porté à 3 milliards d'euros pour la période 2013-2020.
Le progrès naît de l'intérêt pour la transversalité et de la prise de conscience que l'innovation est un facteur de compétitivité.
Il y a trois ans nous avons mené une enquête pendant un an et demi avec le Conseil d'analyse stratégique et la DATAR sur la créativité et l'innovation dans toutes les régions françaises. La conclusion a révélé que les avancées étaient dues pour 20 % aux acquis scientifiques et technologiques et pour 80 % aux facteurs humains et environnementaux. Cette étude a clairement montré que la qualité de l'environnement et des conditions de vie dans lesquels travaillent les chercheurs étaient un élément clé favorisant l'éclosion de nouvelles activités. On retrouve ces mêmes constatations lorsqu'on se penche sur les causes de l'inégalité du taux de chômage suivant les régions.