Intervention de Jean-Louis Roumegas

Séance en hémicycle du 23 octobre 2014 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015 — Article 10

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Roumegas :

Cet article 10 soulève des interrogations évidemment très importantes sur ces problèmes et sur ces enjeux que sont l’accès aux soins et le maintien de notre système de protection maladie.

Je ne peux pas accepter les discours de nos collègues de droite selon lesquels les seuls enjeux seraient l’emploi, l’économie, l’industrie pharmaceutique, comme si nous discutions d’une marchandise parmi d’autres, comme s’il s’agissait d’un secteur économique comme un autre.

On oublie tout de même que la raison d’être du médicament est de soigner les gens et que la croissance de ce secteur, en soi, n’est pas une bonne chose, sauf à souhaiter que les gens soient malades pour que l’industrie pharmaceutique tourne mieux. J’espère que nous n’en sommes pas là.

Il n’est pas non plus possible de dire que la croissance de la consommation médicamenteuse doit augmenter mécaniquement, qu’elle est fatale et normale ou bénéfique. Non, au contraire !

La surconsommation médicamenteuse, en France, est patente et n’est pas toujours synonyme d’amélioration de la santé publique. Une comparaison avec d’autres pays est possible et je ne crois pas que le niveau de santé publique – je ne parle pas de la qualité des soins – soit meilleur dans notre pays parce que l’on consomme à outrance des médicaments qui, d’ailleurs, remplissent nos armoires et finissent dans nos rivières, etc. Parce que c’est aussi de cela qu’il s’agit !

Je crois vraiment que nous devons poser les questions de la surconsommation médicamenteuse et des gains de l’industrie du médicament. Celle qui est posée à propos du médicament contre l’hépatite C est révélatrice de ce dont il s’agit.

S’il s’agissait simplement de rémunérer les efforts de recherche et de développement du médicament, tout le monde approuverait. Mais regardez, en l’occurrence, ce qui se passe : les assurés sociaux devront payer la pure spéculation capitalistique d’une entreprise qui a acheté une start-up et qui l’a payée très cher parce qu’elle savait qu’elle allait gagner des milliards !

J’approuve donc la volonté gouvernementale de limiter la gourmandise de l’industrie pharmaceutique. On peut d’ailleurs se demander si le mécanisme qu’il a prévu sera suffisant. Nous verrons bien, mais il faut l’utiliser, faute de quoi l’accès à l’innovation thérapeutique, demain, sera impossible en raison des coûts.

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