Intervention de Pascal Cherki

Réunion du 31 octobre 2012 à 16h15
Commission élargie : Économie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Cherki :

Madame la ministre du commerce extérieur, M. Michel Barnier, commissaire européen, a déclaré hier, dans une interview donnée à Radio Classique, que l'Europe s'était montrée naïve en matière de commerce : elle a « joué le jeu de l'économie ultralibérale », a-t-il dit, en croyant « que nous pouvions ouvrir toutes nos portes et toutes nos fenêtres sans que les autres fassent la même chose ». Vous annoncez que vous allez rencontrer tous vos homologues européens pour essayer de les convertir à une approche moins naïve. Vous demandez également notre soutien : vous aurez en tout cas celui de ceux qui luttent depuis des années contre une Europe de la « concurrence libre et non faussée » et de la dérégulation. Mais au-delà de vous, la France, en la personne du Président de la République ou du Premier ministre, va-t-elle prendre officiellement position en faveur d'un retour au juste échange ?

L'Espagne en est à son cinquième trimestre consécutif de contraction du PIB – la baisse atteint aujourd'hui 1,6 % en rythme annuel – du fait d'une réduction de la consommation qui s'explique à la fois par un taux de chômage de 25 % et par l'augmentation de la TVA et de l'impôt sur le revenu appliquée conformément aux recommandations de la troïka. En septembre, les ventes de détail ont chuté de 10,9 % ! Cette situation n'est pas que l'affaire des Espagnols : elle retentit aussi sur nos échanges bilatéraux. Nos exportations vers l'Espagne ont chuté de 4,3 % au cours des huit premiers mois de cette année tandis que nos importations en provenance de ce pays augmentaient, de sorte que le solde de ces échanges, auparavant à l'avantage de la France, est désormais au bénéfice de notre voisin, avec un excédent de 8 millions d'euros.

L'Union est aujourd'hui déchirée par une guerre commerciale interne. Estimez-vous que nous pouvons sortir d'une spirale infernale qui tire progressivement tous nos États vers le bas et défendre notre compétitivité tout en soutenant la demande intérieure et en préservant notre modèle social et les acquis des salariés ?

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