Intervention de Paul Giacobbi

Réunion du 31 octobre 2012 à 9h30
Commission élargie : aide publique au développement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

Le groupe RRDP votera l'adoption des crédits de cette mission tout en partageant les observations contenues dans les rapports relatifs à ce budget et celles présentées par mon collègue, M. Jean-Paul Bacquet.

La page huit du rapport de M. Hervé Gaymard a fait naître chez moi une grande nostalgie. En 1980 et 1981, j'étais élève de l'ENA et étudiais ces questions. Un séminaire portait sur le fait de savoir si l'APD devait privilégier des zones – en particulier l'Afrique francophone et subsaharienne. En effet, ce rapport comporte un extrait d'un document de la Cour des comptes soulignant que « malgré les affirmations répétées, l'aide au développement peine à se concentrer sur la zone qui en a le plus besoin, l'Afrique subsaharienne ». À l'évidence, la question n'a donc toujours pas été tranchée. Il est d'ailleurs difficile de se faire une idée de l'allocation de l'APD puisque les deux documents présentant cette mission ne contiennent aucune carte ni aucun tableau indiquant vers quels pays vont nos dons et nos prêts et à quelle type de politique ils correspondent. La politique d'APD contient-elle une dimension géographique ? En tout cas, s'il y en a une, elle n'est pas lisible.

Je vais maintenant, à titre de comparaison, citer quelques exemples d'aides d'origine privée.

La fondation Bill-et-Melinda-Gates dispose de dizaines de milliards de dollars de fonds propres. Elle va ainsi consacrer plusieurs milliards de dollars à un programme devant lutter contre la mortalité infantile dans un pays africain. En Inde, la société informatique Wipro a employé un milliard de dollars pour le développement rural, domaine qui n'est en rien dans le champ de son activité. Après deux ans de discussion, la France, sous prétexte de respecter la LOLF, est incapable d'attribuer une aide paritaire de deux millions d'euros à la réalisation d'un projet de l'Indian Institute of Technology du Rajasthan. Il s'agit d'un établissement – dont le niveau est équivalent voire supérieur à celui de l'École Polytechnique – dans lequel les meilleurs ingénieurs du pays seront formés dans des domaines stratégiques comme celui des énergies alternatives. Contribuer à son financement servirait donc les intérêts de la France. Mais sans doute attendons-nous que le Japon ou la Chine – voire ces deux pays – vont proposer vingt millions de dollars. La comparaison entre une aide privée d'un milliard de dollars au développement rural en Inde et notre incapacité à honorer un tel engagement mérite une explication.

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