Intervention de Laurent Grandin

Réunion du 15 octobre 2014 à 9h00
Commission des affaires économiques

Laurent Grandin, vice-président d'Interfel :

Les conséquences directes de l'embargo russe sur la filière française des fruits et légumes restent modestes, les exportations vers la Russie – quelque 50 000 tonnes – ne représentant que 5 % du total. Cet embargo arrive néanmoins à une période où la filière apparaît très fragilisée. En dix ans, notre production – notamment pour la pêche et la nectarine – s'est réduite de 50 %, le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) ne corrigeant qu'à la marge le problème de compétitivité de notre secteur face à l'Espagne et à l'Allemagne. Entre 2000 et 2013, les importations hors fruits exotiques et agrumes – qui ne sont pas produits en France – ont augmenté de 50 %.

Compte tenu de notre modèle social, nous ne pouvons sortir de la crise que par le haut, grâce à la recherche et à la communication – les deux piliers susceptibles de soutenir la consommation des fruits et légumes. Or les pouvoirs publics demandent aujourd'hui au Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) de renoncer aux ressources de la taxe fiscale affectée (TFA) et se désengagent également en matière de soutien à la consommation, envisageant de priver la filière des 2 millions d'euros qui y sont destinés. Si l'on nous coupe ces moyens, la filière de production nationale, déjà exsangue, risque de disparaître complètement, d'autant que l'interdiction des sacs plastiques viendra alourdir le prix des fruits et légumes au détail.

Les prix de retrait européens sont trop bas par rapport au prix de revient des arboriculteurs et des maraîchers français ; à ce système de prix uniques, il faudrait substituer des enveloppes par pays, réglées en interne – seule façon de pallier notre manque de compétitivité.

L'embargo russe peut, par un effet boomerang, accentuer encore la pression sur les prix dans notre pays. La Pologne produit 3,5 millions de tonnes de pommes par an, alors que la France – qui en produisait jusqu'à 2,5 millions – n'en est plus aujourd'hui qu'à 1,5 million ; dans ce contexte, il suffirait d'un rien pour mettre le marché français en difficulté.

Nous appelons les responsables politiques à soutenir et à défendre notre filière, minée par une conjonction de facteurs. Les bons de commande émis par les élus des collectivités dans le cadre des marchés publics doivent notamment privilégier la production locale. Cette pratique, aujourd'hui inexistante – sans doute par manque d'information – aiderait notre secteur.

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