C'est moins le volume des exportations perdues que l'effet domino sur les marchés qui porte atteinte aux filières des fruits et légumes et du lait. Les conséquences en cascade de l'embargo russe viennent compliquer une situation déjà difficile. La production des fruits et légumes dans notre pays a baissé de 50 % en dix ans ; aujourd'hui, la moitié de ce que nous consommons est importée. Ce n'est pas un hasard si au cours des cinq dernières années, nous sommes passés de la première à la troisième place en Europe en matière de production agricole et agroalimentaire, nous situant désormais derrière les Pays-Bas et l'Allemagne. Où s'arrêtera l'affaiblissement de la production française ?
À côté des conditions géographiques et climatiques qui nous handicapent dans la concurrence avec l'Espagne, les raisons sanitaires et sociales rendent également la production française plus chère que celle de nos voisins. Ainsi l'Allemagne a-t-elle capté bon nombre de productions de fruits et légumes en faisant travailler la main-d'oeuvre de l'Est au prix de son pays d'origine. La filière de la fraise, où le coût de la main-d'oeuvre représente 70 % du prix du produit, s'en est trouvée sinistrée : le Périgord qui comptait 1 200 producteurs n'en compte plus aujourd'hui que 180. Les gouvernements qui se sont succédé depuis dix ans ont essayé de lutter contre cette tendance, mais la situation reste difficile.
Pour la filière laitière, l'embargo a également représenté la goutte faisant déborder le vase. Avec la suppression des quotas – décision critiquée par le groupe SRC –, nos concurrents se préparent à produire davantage. Dans les régions du Sud de la France, les exploitations laitières disparaissent les unes après les autres, faisant peser une menace sur les outils de transformation.
Les réponses apportées par le Gouvernement et la Commission européenne vous paraissent-elles en mesure de corriger les effets négatifs de l'embargo ?