Mon général, je veux vous féliciter pour la qualité de votre intervention et surtout pour la sincérité avec laquelle vous vous êtes exprimé, qui tranche avec le caractère brumeux des déclarations qui sont faites devant notre commission par certains intervenants – je ne cite personne. Au sujet de l'opération Barkhane, il semble de plus en plus évident qu'il est impossible de contrôler une zone grande comme dix fois la France avec 3 000 hommes, d'autant que l'on nous annonce l'installation d'un point d'appui supplémentaire à proximité de la frontière libyenne. Cette opération a-t-elle été anticipée et va-t-on passer à 4 000 hommes, comme on l'a entendu dire, ce qui aurait un impact immédiat sur la loi de finances ? Le général Mercier disait hier, au sujet du basculement de l'état-major vers les bases de N'djamena, Gao, Niamey et Tessalit, que la base de N'djamena présentait la particularité d'être très excentrée, et que la piste d'atterrissage de Gao était en si mauvais état qu'un de nos Mirage a été perdu faute d'avoir pu s'y poser. La remise en état de cette piste située au coeur du dispositif ne constitue-t-elle pas une priorité ?
Enfin, je ne suis pas tout à fait d'accord quand vous dites que personne n'avait anticipé l'usure des matériels. Pour notre part, nous avions alerté sur ce point – je vous renvoie aux déclarations que nous avons faites dans le cadre de l'examen du budget 2014, visant à souligner l'écart croissant entre les capacités nominales figurant au Livre blanc et la réalité du terrain. Cette dégradation conduit à une véritable attrition de nos forces armées, qui oblige à se demander, à chaque nouvelle mission, si nous disposons réellement des capacités matérielles pour l'accomplir efficacement.