Intervention de Laurence Abeille

Réunion du 21 octobre 2014 à 17h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Abeille :

La spirale d'impuissance évoquée par Mme Geneviève Gaillard se double d'une spirale de désintérêt pour les grandes questions liées à la biodiversité et au dérèglement climatique. Nous, écologistes, le constatons avec effarement dans les différentes instances dans lesquelles nous siégeons et les différentes associations dans lesquelles nous militons. Les diminutions que subit le budget de l'écologie ne sont pas faites pour nous rassurer, pas plus que l'attitude du Premier ministre face à la condamnation de la France par la justice européenne pour non-respect de la directive « nitrates ». Nous déplorons qu'il préfère modifier les règles pour éviter une nouvelle condamnation plutôt d'assurer l'amélioration de la qualité des eaux alors que dans ce domaine comme dans d'autres, la question de la prévention est essentielle car les coûts, notamment budgétaires, deviendront si élevés qu'ils rendront la situation ingérable.

Nous sommes en faveur d'une fiscalité efficace et utile. Outre la création d'une redevance pour la pollution diffuse azotée, nous prônons une mise en oeuvre effective du principe pollueur-payeur. Le problème est que les contribuables qui pourraient y être assujettis se montrent rétifs à ce type de fiscalité alors même qu'ils se déclarent favorables à la protection de l'environnement. Cette contradiction est liée en partie au fait que nous ne parvenons pas suffisamment à expliquer son bien-fondé. Votre association agit surtout en élaborant des plaidoyers. Quel autre type de communication envisagez-vous ?

Le désintérêt général pour la biodiversité se mesure également à la façon dont le projet de loi relatif à la biodiversité est traité. À l'heure actuelle, nous ne savons pas quand il sera débattu dans l'hémicycle. Même s'il ne repose pas sur une stratégie globale, il comporte quelques aspects positifs. Nous nous réjouissons d'avoir pu obtenir certaines avancées. Ainsi notre amendement visant à interdire la chasse à la glu, méthode de chasse non sélective, a été adopté en commission. Cela peut paraître anecdotique mais cela montre une volonté politique d'agir en faveur de la préservation des espèces protégées. Selon vous, quelles autres pratiques de chasse devraient être régulées pour préserver la biodiversité ?

Nous déplorons que l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) n'ait pas été inclus dans l'Agence pour la biodiversité. Continuez-vous à faire pression pour qu'il soit intégré afin que la biodiversité terrestre soit mieux prise en compte ?

Nous oeuvrons pour qu'un délit d'incitation à la destruction d'espèces protégées soit institué. Pensez-vous que cela contribuerait à lutter plus efficacement contre la destruction de certaines espèces victimes du braconnage ?

S'agissant de la biodiversité en milieu marin, nous nous battons contre le chalutage en eaux profondes. L'analyse des données de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER) que vous avez menée avec d'autres ONG montre que cette pêche est extrêmement préjudiciable à la biodiversité sous-marine. Financée avec de l'argent public, elle n'a pourtant aucun intérêt économique, comme l'a souligné Guillaume Sainteny dans son rapport. Êtes-vous favorables à une interdiction de ce type de pêche ?

Un moratoire de deux ans a été institué sur les pesticides néonicotinoïdes impliqués dans la mortalité des abeilles mais aussi d'autres espèces d'insectes, qui disparaissent à toute vitesse. Nous regrettons qu'il ne concerne que certains types de produits et qu'il ne soit pas suffisamment long : à son expiration, les lobbies de l'agrochimie auront beau jeu de prétendre que leurs produits ne sont pas nocifs. Quelle est votre position ? Que préconisez-vous ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion