La décision de fusion n'a rien à voir avec des raisons fiscales. La fiscalité représente un sujet important pour toute entreprise, mais nous respectons les règles et ne comptons pas dépouiller la France de ce qui lui est dû. Les brevets détenus aujourd'hui par Lafarge – qui alimentent la holding via les redevances que Lafarge reçoit de tous les pays du monde – le seront encore demain ; seul leur transfert éventuel en Suisse – qui se ferait à la juste valeur – les assujettirait à l'impôt. Les profits réalisés en France seront toujours taxés en France ; au contraire, la holding de Lafarge ayant encore beaucoup de dettes, la fusion peut permettre de les réduire et d'en transférer une partie en Suisse.
Disposant de stations de broyage sur l'eau, Lafarge développe un plan de transport par la mer et par les rivières, plus écologique que le rail. Il faut continuer à progresser dans cette voie.
Très sensible à la question de l'emploi des jeunes, Lafarge participe au programme « Nos quartiers ont du talent », fait partie de l'association pour le droit à l'initiative économique et mène des opérations d'accompagnement professionnel de jeunes. Notre groupe s'est surtout donné pour objectif d'augmenter, dans son effectif français, la part des jeunes en apprentissage – passée de 1,5 % à 4 % depuis le début de la crise. Quelque 60 % à 70 % des jeunes qui passent par ce dispositif en sortent avec un emploi, au sein du groupe ou ailleurs ; les autres continuent leurs études. Nous tenons beaucoup à cette initiative et considérons que la France devrait renforcer le rôle de l'entreprise dans l'apprentissage.
Comme tout changement, la loi sur la transition énergétique aura des conséquences sur l'investissement, l'emploi et la croissance – positives si le changement est bien organisé, négatives s'il est mal conçu ou trop brutal. Sans mettre en question les objectifs en matière de mix énergétique, on peut interroger le rythme prévu de l'évolution. Aujourd'hui, des turbines à gaz chères à construire restent inutilisées ; ce gaspillage grève la compétitivité de l'industrie européenne. Il faut utiliser tous nos actifs, le plus longtemps possible, et trouver au problème énergétique des solutions de long terme. Il faut également faire très attention aux tarifs. Les subventions à l'énergie représentent 500 milliards d'euros par an au niveau mondial, dont 100 milliards en Europe. Certes, elles aident ceux ne peuvent pas payer pour l'électricité ; mais plus on donne des avantages, moins on réduit la consommation. Les subventions à l'énergie recèlent donc un potentiel de réemploi plus intelligent et pourraient être reconsidérées. Si l'on veut aller plus vite en matière d'efficacité énergétique, il faut rendre cet investissement rentable en levant tous les obstacles. Au total, le succès de la transition énergétique dépendra de la manière dont elle sera conduite ; en tout état de cause, il faut évaluer l'impact des mesures envisagées sur la compétitivité et la croissance à moyen et à long terme. Les degrés de flexibilité introduits dans la loi semblent prometteurs, mais exigent d'être bien pilotés.