Je voudrais faire deux remarques préliminaires qui nous permettraient, pour l'exercice 2014, d'aborder le débat budgétaire avec un peu plus d'efficacité et de sérénité. Je souhaite, d'une part, que soient améliorées les conditions de préparation de ces rapports, notamment en terme de temps disponible ; d'autre part, que ne soient pas asséchés davantage les moyens de l'Assemblée nationale et, en particulier, ceux des commissions. Je le dis d'autant plus volontiers que j'adresse mes compliments et mes remerciements aux fonctionnaires du Quai d'Orsay, qui nous ont fait parvenir les informations que nous attendions dans des délais parfaitement raisonnables, et aux administrateurs de la Commission des affaires étrangères qui ont accompli un excellent travail. Faire un travail approfondi, c'est disposer d'un délai raisonnable qui permette la réalisation d'investigations sur le terrain.
Sur le fond, le budget du ministère des affaires étrangères est responsable et il contribue à l'effort de redressement des finances publiques.
Le programme 185 est conforme à ce que l'on pouvait attendre dans une période contrainte, mais il préserve les grandes priorités de la diplomatie culturelle et d'influence. Il accorde notamment une grande importance à l'éducation qui est une priorité du Gouvernement.
Cependant, il convient de regretter la baisse des moyens des instituts culturels, de 15 % entre 2012 et 2015 – moins 7 % en 2013, moins 4 % en 2014, ainsi qu'en 2015. Cette diminution pourrait être compréhensible, voire admissible, si ce n'est qu'elle poursuit une tendance lourde qui a commencé non pas en 2006, cher Jérôme Lambert, mais en 1994 et n'a cessé depuis lors – hormis en 1998 et 1999. Je souhaite que les efforts d'économie portent plus sur l'Institut français à Paris que sur les centres culturels de notre réseau. Il n'y a pas de diplomatie d'influence sans action culturelle forte.
D'autres puissances manifestent un esprit de conquête. Ainsi, la Chine dispose, au sein du réseau Confucius, de 358 instituts culturels dans le monde.
J'ai comparé l'action culturelle et éducative de différents pays que l'on pourrait qualifier de concurrents : l'Espagne avec les instituts Cervantes, l'Allemagne avec les instituts Goethe et la Grande-Bretagne avec le British Council. J'ai bien entendu placé notre analyse dans le cadre de la réforme de 2010 qui tend à rendre le réseau français plus cohérent, plus visible et plus efficace. A mi-parcours de cette réforme, il convient de s'interroger sur ses effets qui ne me semblent pas a priori négatifs. Je note cependant une inquiétude du réseau des alliances françaises.
Ma première question concerne le réseau scolaire.
La France possède le premier réseau scolaire étranger – 485 établissements implantés dans 130 pays accueillent 306 000 élèves dont près de deux tiers d'étrangers. Quelles sont les perspectives de développement des filières bilingues francophones et des sections européennes ? La France envisage-t-elle d'intensifier le recours aux technologies de l'information et de la communication via le Centre national d'enseignement à distance – le CNED – et TV5Monde ?
Ma deuxième interrogation a trait à l'attractivité universitaire de la France.
Sur le marché international du savoir et de la formation, la France accuse un retard certain. Elle subit la concurrence non seulement des États-Unis, mais aussi de la Grande-Bretagne où les frais universitaires sont pourtant très élevés, de l'Allemagne, de l'Australie et de la Chine. Or, il s'agit d'un enjeu essentiel. Le budget répond en partie à ce défi en augmentant légèrement les crédits de mobilité des étudiants étrangers, en maintenant les programmes de bourses d'excellence et en stabilisant le volume dévolu aux missions d'experts et aux échanges scientifiques. Comment améliorer encore notre politique d'attribution de bourses pour les étudiants étrangers, le nombre total de bourses ayant diminué d'un quart depuis 2005 ?
Ma troisième question concerne l'unification du réseau.
La loi de 2010 prévoit à terme la possibilité du rattachement de l'ensemble du réseau culturel à l'Institut français. Où en est-on ? Comment sera financée cette opération dans la mesure où le changement de statut des personnels devrait induire une augmentation des charges ?
Il me restait deux questions sur les alliances françaises – j'ai soulevé l'inquiétude que ce sujet m'inspirait – et sur les centres culturels communs. Il existe déjà quelques structures communes à plusieurs pays, dont le nôtre, situées à Ramallah, à Glasgow ou à Palerme. Ne faut-il pas amplifier ce mouvement qui est intéressant, même si sa généralisation est impossible ?