Le groupe UMP considère que notre poids politique diplomatique et moral – en résumé, notre influence –, est directement lié aux moyens de notre politique extérieure. Or, nous pouvons aujourd'hui nous interroger sur la politique internationale qui sera mise en oeuvre pendant les cinq années à venir, car la politique menée depuis quelques mois est inquiétante. En défiant Angela Merkel, François Hollande a mis à mal le couple franco-allemand pourtant est essentiel à la pérennité de l'Europe. Notre politique illisible en Syrie et au Mali, où nous sommes incapables de mobiliser la communauté internationale, ne renforce pas non plus le rôle de la France. Alors que la capacité d'un État à s'ouvrir au monde a toujours été un ressort essentiel de son rayonnement, vous nous annoncez une diminution de 15 % sur trois ans des dépenses sur les crédits de coopération, de sécurité et de défense, et des dépenses de communication, de protocole et de l'état-major. Vous comprendrez donc aisément, monsieur le ministre, que le groupe UMP votera contre ce budget.
Votre politique est inquiétante, aussi, à l'égard des Français de l'étranger. Quelle que soit la manière dont vous présentez les choses, 15 millions d'euros manquent pour les bourses allouées aux étudiants français à l'étranger. Comme il l'avait annoncé, le Gouvernement a supprimé la prise en charge des frais de scolarité – soit. Mais la gauche avait aussi annoncé que le montant ainsi récupéré serait intégralement affecté aux bourses. Mes collègues s'en souviennent certainement, ayant par trois fois interrogé le ministre à ce sujet lors de l'examen de la loi de finances rectificative, je me suis finalement entendu répondre que le budget global de la mission serait maintenu à l'identique et que les crédits dégagés seraient consacrés aux bourses. Je constate aujourd'hui qu'en dépit des promesses ministérielles, la moitié des crédits précédemment consacrés à la prise en charge des frais de scolarité manquent à l'appel. La Commission des bourses, dont je suis membre, répartit les sommes qui lui sont allouées ; elle ne peut faire qu'avec ce qu'elle a ! Les craintes que j'avais exprimées en séance plénière étaient, hélas, fondées.
Vous avez indiqué, monsieur le ministre, vouloir faire de la diplomatie économique une priorité. Sur ce plan, on ne peut que vous soutenir, mais comment cela se traduira-t-il en pratique ? Il est bon de créer une direction spécialisée au Quai d'Orsay mais, pour m'occuper depuis dix ans des Français de l'étranger au sein de mon mouvement politique, je pense qu'il faudrait en profiter pour revoir la répartition des conseillers économiques dans nos ambassades et la rendre plus cohérente. Pour ne donner qu'un exemple, est-il raisonnable qu'une seule personne soit chargée du développement économique pour l'ensemble des pays du Sud Caucase ? Comment peut-elle couvrir à elle seule une région à la fois si étendue et d'une telle importance stratégique ? Vous nous trouverez à vos côtés si vous révisez la carte de ce réseau.
J'approuve sans réserves les propos de M. Jérôme Lambert relatifs au redéploiement des moyens. Si l'on mesure les moyens diplomatiques consacrés à la Russie, à l'Inde et à la Chine d'une part et, d'autre part, ceux que nous allouons à des pays auxquels un attachement réel nous lie mais qui n'ont pas le même poids économique – tels le Sénégal, le Maroc ou Madagascar – on réalise la nécessité d'un redéploiement.
J'aimerais aussi savoir, monsieur le ministre, si vous envisagez la fermeture de postes diplomatiques au cours des cinq ans à venir. J'espère qu'il n'en sera rien, mais les craintes sont vives. Je sais par exemple, pour m'être rendu récemment en Moldavie et en Bélarus, que l'inquiétude règne dans ces représentations diplomatiques à l'annonce de baisses d'effectif. Pouvez-vous nous rassurer ?
Je tiens enfin à rendre hommage à l'ensemble de notre corps diplomatique, qui accomplit en général un travail remarquable, ne compte pas ses heures et fait preuve d'un dévouement sans faille pour pallier, parfois, un certain manque de moyens. J'associe à cet hommage le réseau culturel et en particulier celui de l'Alliance française, qui doit continuer d'être encouragé dans son effort exemplaire en faveur du rayonnement de la France.