Intervention de Isabelle Attard

Réunion du 24 octobre 2012 à 9h00
Commission élargie : action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Attard :

Je prends la parole au nom du groupe écologiste, mais c'est aussi en ma qualité d'ancienne expatriée de longue durée que je joins ma voix à celle de Philippe Folliot pour féliciter les services de l'État à l'étranger, qui facilitent l'installation, l'insertion professionnelle et les opérations électorales, car voter depuis l'étranger n'est pas toujours une mince affaire.

Le budget du ministère des affaires étrangères, qui recouvre la mission « Action extérieure de l'État » et une partie de la mission « Aide publique au développement », s'élève à 4,9 milliards d'euros en 2013, en diminution de 2,7 % par rapport aux crédits 2012 reconstitués sur la base du périmètre 2013. Ce budget respecte les priorités du Président de la République et du Gouvernement contribuant à défendre les intérêts de la France et des Français dans un cadre budgétaire très contraint, crise oblige.

Dans ce cadre, nous nous réjouissons des priorités affichées : l'augmentation des moyens consacrés à l'enseignement du français à l'étranger et à la préservation d'instruments d'attractivité fondamentaux comme les bourses d'études et les missions d'expertises ; la préservation des crédits d'aide sociale pour les familles et les Français de l'étranger en difficulté ; la réforme du système d'aide à la scolarité, dans un souci affirmé de justice sociale – et nous serons avec vous si vous étendez le système de bourses à un plus grand nombre de familles modestes ou de classes moyennes

Nous avons toutefois relevé certaines injonctions contradictoires dans les objectifs et indicateurs de performance du programme 105. Ainsi, dans l'objectif 2 « Renforcer la sécurité internationale et la sécurité des Français », il est indiqué avec justesse au paragraphe 2.2 de l'axe 2 que, dans le domaine nucléaire, il s'agit de « renforcer les moyens internationaux de lutte contre la prolifération et son financement (...) en aidant les pays à mettre en place des législations nationales permettant de lutter efficacement contre la prolifération ». Mais la dernière phrase du même paragraphe énonce qu'il s'agit également de « promouvoir le développement responsable de l'énergie nucléaire civile, dans le respect des plus hauts standards de sûreté, de sécurité, de respect de l'environnement et de non-prolifération ».

Or, il n'est plus à démontrer que l'incitation au développement du nucléaire civil dans le monde accentue le risque de prolifération – l'Iran est un cas emblématique. Au 1er avril 2012, 436 réacteurs de puissance fonctionnaient dans 28 pays, et 61 sont en construction. Le danger nucléaire n'a jamais été aussi grand. Si le message politique que la France entend adresser au monde est celui de la paix et de la justice, nous devons plutôt montrer l'exemple et ne pas continuer indéfiniment à promouvoir le développement de l'énergie nucléaire civile, qu'il soit ou non responsable ou présumé « respectueux de l'environnement », alors qu'il est acquis que le nucléaire « propre » n'existe pas.

Les écologistes que nous sommes sont particulièrement attachés à la dimension européenne, notamment en matière d'action extérieure de la France. Dans un contexte budgétaire français extrêmement contraignant, les économies d'échelle et la rationalisation des dépenses sont nécessaires. Aussi, eu égard au développement du Service européen d'action extérieure, nous souhaiterions vous entendre préciser les perspectives de rationalisation du réseau diplomatique français. Au delà de l'évaluation du progrès des intérêts français au sein des instances européennes, notamment par le nombre de Français dans l'encadrement de l'Union européenne et par l'usage du français dans ses institutions, il nous apparaît nécessaire de penser davantage « européen » en matière d'action extérieure. Dans cet esprit, nous continuons de défendre l'idée d'un siège européen, à terme, au Conseil de sécurité de l'ONU.

Nous nous interrogeons aussi sur la place des femmes au sein du réseau diplomatique français, particulièrement aux postes les plus élevés. Combien de Françaises sont ambassadeurs et non femmes d'ambassadeurs ? Quels instruments sont prévus pour favoriser la parité dans une diplomatie qui a longtemps été chasse gardée pour les hommes ?

M. Jerôme Lambert voit dans les départs de Français à l'étranger un signe d'ouverture. J'espère que ces départs n'ont pas lieu pour d'autres raisons, et il serait intéressant de savoir ce qui les motive. Je sais, par exemple, que beaucoup de nos compatriotes s'établissent dans les pays scandinaves, et notamment en Suède, parce que les conditions de vie des personnes souffrant de handicaps y sont bien meilleures qu'en France.

Enfin, je ne suis pas persuadée que les difficultés d'obtention de visas fassent véritablement obstacle au développement du tourisme en France. Je pense en revanche que nous augmenterions l'attrait de notre pays si nous renforcions notre capacité collective à parler l'anglais.

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