Intervention de Bruno Le Roux

Réunion du 28 octobre 2014 à 18h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Le Roux, rapporteur :

Ayant travaillé en parfait accord pendant la mission, le président et moi-même avons tenu à cosigner l'introduction du rapport.

Dans ce document, je rappelle le rôle qu'a joué notre pays dans les expositions universelles et la manière dont celles-ci l'ont marqué. Nous avons toujours ce feu qui permet de présenter au monde des éléments qui touchent à notre patrimoine et à la capacité d'innovation de notre pays.

Je me demande également ce que peut apporter une nouvelle candidature de la France. Celle-ci possède tous les atouts qui ont assuré le succès des précédentes expositions.

En outre, la vision à moyen terme sur un projet mobilisateur est une opportunité pour notre pays, qui a du mal à se rassembler autour de grandes valeurs. Le consensus suscité par l'exposition universelle n'a rien de factice. Il pourra créer un mouvement profond, dont profitera toute la société pendant les dix prochaines années.

Au fil des auditions, nous avons tenté d'identifier les conditions à même d'assurer la réussite de l'exposition universelle. Nous nous sommes appuyés sur les travaux déjà menés par ailleurs, tant par les jeunes que par des entreprises et par l'association ExpoFrance 2025. Quand M. Jean-Louis Borloo a demandé à la Conférence des présidents de créer une mission d'information, c'était pour que l'Assemblée nationale relaie les études en cours.

Nous avons repris les hypothèses de travail déjà élaborées avant la constitution de la mission. L'une d'elle était que l'exposition universelle soit non celle de Paris, mais du Grand Paris, voire des grandes métropoles régionales. Dans le rapport, je défends l'idée d'une exposition polycentrée, ce qui surprendra peut-être le Bureau international des expositions (BIE), mais qui sera en phase avec le projet du Grand Paris et les capacités d'accueil des grandes métropoles.

Pour identifier les bonnes pratiques qui nous permettront de relever le défi, j'ai examiné nos forces et nos faiblesses. Les travaux réalisés par les étudiants montrent l'importance du thème. J'ai réfléchi également aux enjeux quantitatifs et qualitatifs de l'accueil, liés à la question de l'hébergement et des transports. Avant d'imaginer de nouveaux investissements, il faut s'assurer que ceux qui sont prévus seront réalisés. En tant qu'élu de la Seine-Saint-Denis, je m'inquiète quand la RATP envisage de retarder la réalisation de certaines infrastructures. Une exposition universelle ne peut être organisée sans une parfaite desserte des aéroports.

En 2025, le numérique sera encore plus présent qu'aujourd'hui. C'est un facteur que nous avons pris en compte.

De même, nous ne pouvons ignorer la situation budgétaire de la France, au moment où nous rendons ce rapport. L'exposition doit pouvoir mobiliser des financements nouveaux, afin de ne pas être coûteuse pour les finances publiques, comme pourrait l'être l'organisation des jeux Olympiques.

Nous avons réfléchi à la réutilisation des monuments et sites existants ou de leurs abords. Même s'il existe toujours un enjeu architectural dans une exposition universelle, nous n'allons pas reconstruire le Grand Palais ou la tour Eiffel, cent vingt-cinq ans plus tard. On peut en revanche donner une dimension architecturale aux projets qui conserveront leur utilité par la suite, comme des gares du Grand Paris. Les bénéfices doivent être pensés sur le plan touristique et économique, ainsi qu'en termes de qualité de vie.

Le rapport formule quinze recommandations.

La première invite le Président de la République à présenter la candidature de notre pays à l'organisation de l'exposition universelle de 2025.

La deuxième vise à associer les jeunes qui ont commencé à travailler sur le projet à la réalisation de toutes ses phases ultérieures. Dans dix ans, ceux qui ont aujourd'hui entre dix-huit et vingt-cinq ans seront responsables au sein des entreprises ou des administrations.

En troisième lieu, nous souhaitons que se constitue à l'Assemblée nationale un groupe d'études chargé de veiller à la bonne marche du projet et de préparer la proposition de loi posant les principes et des règles juridiques propres à l'organisation de l'exposition universelle. Il s'agit non de se substituer à l'organisation professionnelle qui sera mise en place, mais d'associer à la réflexion un groupe parlementaire de suivi et de faire évoluer la législation, par exemple fiscale, sur certains points.

La quatrième recommandation porte sur l'organisation des transports.

La cinquième concerne la mise en place d'une structure publique chargée de tirer les enseignements des grands projets portés par la France. Nous avons été choqués d'entendre d'anciens responsables, parfois d'anciens parlementaires comme Guy Drut, nous reprocher de manquer de mémoire et de ne pas tirer de leçons des échecs passés.

En sixième et septième lieu, nous préconisons d'organiser une exposition polycentrée, et d'utiliser le patrimoine bâti existant, notamment les gares emblématiques du Grand Paris et celles du réseau du Grand Paris-Express.

Viennent ensuite cinq propositions sur le nouveau modèle d'organisation.

Dès l'annonce de la candidature officielle de la France, il faut confier à une structure dédiée la mission de coordonner les initiatives publiques et d'engager le dialogue avec les acteurs privés mobilisés et regroupés au sein de l'association ExpoFrance 2025.

Il faut définir le modèle économique retenu, obtenir de l'État qu'il se porte garant de l'organisation de l'exposition, conformément aux règles du BIE, et adopter de nouveaux modes de financement.

Enfin, dès l'annonce de la candidature, il faudra mettre en oeuvre un outil de contrôle de gestion afin que l'objectif d'équilibre des comptes puisse être respecté.

Les treizième, quatorzième et quinzième recommandations portent sur des éléments annexes, mais indispensables à la réussite du projet.

La mobilisation populaire doit intervenir dès le dépôt de la candidature, qui sera portée non seulement par la France mais par les Français.

En matière d'accueil, nous devons regarder la manière dont la Chine a fait participer sa population aux jeux Olympiques de Pékin ou à l'Exposition universelle de Shanghai. Pourquoi ne pas délivrer aux professionnels et aux particuliers un label « Expo 2025 », pour diffuser l'esprit de l'exposition au-delà de ses sites ? Notre collègue Hervé Pellois m'a indiqué que la mesure intéresserait, par exemple, les fermes auberges du Morbihan. Elle permettrait d'informer les visiteurs venus préparer ou visiter l'exposition universelle sur les structures d'accueil de notre pays, qui pourraient fonctionner en réseau.

Enfin, nous préconisons de nommer une entité responsable de l'ensemble des opérations de sécurité et de sûreté, afin de garantir aux participants, exposants et visiteurs, des conditions de séjour sereines.

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