Intervention de Dominique Maillard

Réunion du 23 octobre 2014 à 10h00
Commission d'enquête relative aux tarifs de l'électricité

Dominique Maillard, président du directoire de Réseau de transport d'électricité, RTE :

Tout à fait, c'est pourquoi l'ouverture s'est faite au profit de la Caisse des dépôts et consignations.

M. Brottes voulait sans doute me taquiner quand il m'a demandé si les ouvertures de capital avaient vocation à favoriser les interconnexions. En fait, toutes les interconnexions que nous avons réalisées jusqu'à présent, que ce soit avec l'Espagne ou le Royaume-Uni, l'ont été sans aucun lien patrimonial, et nous pouvons continuer de la sorte. Nous avons développé à Bruxelles, en coopération avec nos voisins belges, anglais, italiens et nord-est allemands, un centre de supervision appelé Coreso (Coordination of electrical system operators), une sorte de vigie européenne ayant pour fonction de détecter avant qu'elles ne surviennent des situations qui pourraient être alarmantes, et de proposer des remèdes : ce projet a été mené à bien sans aucun lien patrimonial avec nos partenaires dotés de statuts juridiques très différents les uns des autres.

Si l'ouverture du capital n'est pas nécessaire pour l'exercice de notre activité, elle pourrait faciliter un certain nombre de synergies : puisque nous sommes confrontés aux mêmes problématiques, il pourrait ainsi être envisagé d'avoir des activités communes en recherche et développement, même si la création de filiales communes de R&D n'implique pas forcément d'ouvertures de capital. Historiquement, l'héritage d'EDF fait de nous le plus gros réseau de transport européen, que ce soit par l'étendue du réseau, les effectifs et, sans doute, les capacités en R&D. Cela dit, nous devons rester vigilants, car des mouvements commencent à se faire à nos frontières : ainsi nos voisins belges ont-ils racheté l'un des quatre réseaux allemands, de même que les néerlandais ; le réseau portugais, qui était à vendre, a vu State Grid Corporation of China entrer à son capital ; la même société chinoise a également pris une participation dans le réseau italien Terna, et s'intéresse au réseau grec. Loin de moi l'idée de vouloir agiter le spectre du péril jaune, car nous avons des accords de coopération avec les opérateurs chinois, mais force est de constater que les acteurs européens sont minuscules à côté de State Grid Corporation of China, qui compte 1,8 million de salariés – pour des activités plus diversifiées que les nôtres, puisque cette société fait aussi un peu de production et de distribution. C'est un fait : comme cela a été le cas pour le transport aérien il y a vingt-cinq ans, le secteur européen du transport d'énergie commence à faire l'objet d'importantes restructurations – et l'ambition de RTE est de faire partie de l'un des grands pôles qui vont se constituer.

Sans aller forcément jusqu'à considérer, comme M. Brottes, que l'objectif final est la constitution d'un réseau de transport européen intégré unique, j'estime que les différents réseaux européens vont être amenés à coopérer beaucoup plus qu'ils ne le font actuellement. C'est dans cette optique que nous avons développé Coreso, ce centre régional de coopération qui nous a beaucoup aidés, après une grande panne survenue le 4 novembre 2006, ayant pour origine une erreur commise par un opérateur allemand, et qui avait plongé dans le noir une vingtaine de millions de consommateurs européens, dont la moitié en France.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion