Intervention de Jean-Claude Fruteau

Réunion du 15 octobre 2014 à 10h30
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Fruteau, président :

Madame la déléguée interministérielle, mesdames et messieurs, je suis très heureux de prononcer ces quelques mots devant vous ce matin, propos destinés à servir de courte introduction à cette réunion, dont le thème s'intitule : « Ultramarins de l'hexagone : du stéréotype à la réalité ».

Il est vrai que l'image des ultramarins, dans la France hexagonale et aux yeux des Français de l'hexagone, n'apparaît pas toujours de manière précise, alors pourtant qu'elle devrait être riche de déterminations – déterminations à la fois multiples, pertinentes et nuancées.

En fait, cette image paraît souvent contradictoire.

D'un côté, la plupart de nos concitoyens ont présents à l'esprit des noms qui incarnent une notoriété ou une réussite certaine dans les domaines les plus variés, que ces domaines soient politiques, culturels ou sociaux. Ainsi, qui ne connaît Victor Schoelcher, Aimé Césaire, Simone Schwarz-Bart, le groupe Kassav ou le judoka Teddy Riner ?

Mais d'un autre côté, nos concitoyens ne peuvent être que frappés par le nombre d'habitants des DOM ou des COM placés en situation de grande précarité. Dans l'hexagone on s'effraie avec un taux de chômage atteignant 10,3 % de la population active. Mais que dire des outre-mer, ou, dans certains endroits, celui-ci atteint près de 20 % de cette même population, et plus de 60 % chez les jeunes ?

De la sorte, les habitants de l'hexagone ont souvent l'impression que la réalité ultramarine se résume à deux situations extrêmes. Et, entre ces deux extrêmes, l'observateur – surtout s'il est lui-même ultramarin – a fréquemment le sentiment que toutes les autres situations restent méconnues. Au fond, que sait-on vraiment, dans l'hexagone, de la vérité des habitants des outre-mer, de leur culture, de leur mode de vie, de leurs passions, de leurs attentes ?

C'est ainsi que cette réunion a pour objet de contribuer à l'amélioration de la connaissance que l'on peut avoir de la culture et des déterminations de pensée des Français originaires des outre-mer. Elle a aussi pour objet de lutter contre les stéréotypes.

Dans ce contexte, deux types d'analyses statistiques vont être présentés : d'une part, le tableau de bord de la Délégation interministérielle, qui est un outil d'évaluation et de suivi, commandé par Mme Sophie Elizéon, déléguée interministérielle pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer, à l'ONDOM – l'Observatoire national des originaires d'outre-mer ; d'autre part, le second baromètre de l'état d'esprit des ultramarins de l'hexagone, une étude d'opinion réalisée, à partir de panels représentatifs, dans le courant des mois de mai et juin de cette année, par la société privée Opinion Way – le premier baromètre ayant été réalisé, par cette même société, au cours des mois de mai et juin 2013.

Les conclusions auxquelles nous pourrons aboutir, au regard de ces statistiques, nous seront suggérées par nos trois intervenants : M. Hugues Cazenave, président fondateur de la société Opinion Way ; Mme Audrey Célestine, docteure en sciences politiques, et M. Antoine Prudent, président de l'ONDOM. Elles nous seront suggérées aussi, bien entendu, par Mme Elizéon elle-même.

La constitution d'une base de données à partir de laquelle il est possible de raisonner de manière objective est une excellente chose car nous manquons trop souvent, outre-mer, d'outils d'évaluation statistique. La Délégation aux outre-mer de l'Assemblée nationale, que j'ai l'honneur de présider, le constate chaque fois qu'elle doit réaliser un rapport. Et de même, des instances éminentes de notre pays le font remarquer. C'est ainsi que la Cour des comptes, par exemple, dans un rapport de novembre 2013 consacré à la fiscalité outre-mer, observe que les collectivités territoriales ultramarines ne disposent pas de statistiques suffisantes pour bien définir leur programme d'action.

Nous avions reçu Mme Sophie Elizéon à la Délégation aux outre-mer de l'Assemblée nationale le 18 décembre 2012 et elle nous avait dit à cette occasion que, consciente de ces lacunes économétriques, elle travaillait à la réalisation de modèles d'analyse permettant de mieux appréhender la situation des ultramarins.

Aujourd'hui, je ne peux donc que me réjouir de constater qu'elle a pu aboutir dans cette démarche, et qu'elle a pu constituer des bases de données qui lui permettront de lutter efficacement contre les discriminations.

Croyez que, de notre côté aussi, nous nous battons, corps et âme, pour l'intégration.

En effet, actuellement, nous essayons, à l'occasion du débat sur la loi de finances initiale pour 2015, de faire adopter un maximum de mesures : l'accroissement du taux du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) avec un taux sur-majoré pour le tourisme, qui était l'une des propositions d'un rapport de la Délégation récemment adopté, l'accroissement de l'aide à l'investissement locatif intermédiaire ou l'accroissement du taux du crédit d'impôt recherche dans les Outre-mer. Or, que sont ces dispositifs, sinon des moyens de créer de l'emploi et donc de l'intégration ? Clairement, nous sommes bien tous unis dans une même démarche.

Je passe la parole à Mme Sophie Elizéon, en lui faisant part de tout mon intérêt pour le travail qu'elle effectue.

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