Intervention de David Auerbach-Chiffrin

Réunion du 15 octobre 2014 à 10h30
Délégation aux outre-mer

David Auerbach-Chiffrin :

Je remercie M. Cazenave pour la qualité de sa présentation des résultats de l'étude d'Opinion Way. Celle-ci appelle quelques remarques de ma part, cette fois-ci au titre de mon investissement associatif dans le CEGOM (Collectif des états généraux de l'outre-mer).

Nous faisons un audit, qui n'a pas tout à fait ni le même périmètre ni le même objet, mais qui, par certains points, pourrait lui être comparé. La dernière édition a été réalisée auprès de 423 Français d'outre-mer à la fois dans l'hexagone et outre-mer. Sans remettre du tout en cause vos propres conclusions, on ne retombe pas tout à fait sur les mêmes résultats, notamment en matière d'esprit positif. Nos indicateurs de mécontentement, que nous ne mesurons pas de la même manière, sont plus vifs et nos retours de terrain dénotent un état d'esprit bien moins positif que ne le fait votre enquête. Mais que je prends celle-ci telle quelle, et cela alimentera notre réflexion. Un point de détail tout de même : nous sommes aussi des hexagonaux. Il y aurait donc sans doute à revoir la terminologie que vous utilisez.

Par ailleurs, je suis un peu surpris par les résultats que vous avancez, en termes d'a priori. Je suis heureusement surpris, mais j'ai l'impression que cela ne correspond pas à nos retours de terrain, nos retours associatifs et à mes propres observations.

Pour illustrer mon propos, je vous livre cette anecdote. Il se trouve que je suis membre d'un parti politique, que Mme Allain connaît bien. Le week-end dernier, j'étais au Conseil général de ce parti, son parlement interne qui se réunit tous les deux mois. Et au sein de ce parti, nous avons une commission outre-mer. Samedi dernier, le président de cette commission outre-mer monte à la tribune au cours de la discussion d'une motion générale – qui portait sur l'avenir de la République Française – pour défendre un amendement disant qu'il fallait également respecter et promouvoir la connaissance des cultures et des populations ultramarines. Une élue lui succède à la tribune et déclare : « Et puis quoi encore, on ne va tout de même pas reconnaître la polygamie à Mayotte et le cannibalisme ! » Ce n'est pas tellement ce propos délirant qui nous a stupéfaits que l'absence de réaction dans la salle. Je ne sais pas, monsieur Cazenave, si les 200 participants étaient représentatifs de la population française, mais personne ne s'est levé, personne ne s'est indigné sauf « cinq nègres au fond de la salle » – pour reprendre le propos d'Aimé Césaire. J'en faisais partie, mais nous nous sommes sentis très isolés.

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