Intervention de Patrick Bouchez

Réunion du 14 novembre 2012 à 9h30
Commission des affaires économiques

Patrick Bouchez, président-directeur général de l'Union des entreprises de transport et de logistique de France :

L'Union des entreprises de transport et de logistique de France (TLF) est l'organisation professionnelle patronale qui couvre tous les métiers de la chaîne du transport de marchandises et de la logistique. Elle regroupe 6 000 entités : TPE, PME, grands groupes – 40 des 50 plus grands du secteur – et 14 syndicats affiliés, notamment dans le domaine portuaire, en métropole et outre-mer. Les entreprises adhérentes interviennent dans l'ensemble du secteur des transports : terrestre, aérien, maritime, multimodal (ferroviaire, fluvial) et dans la location de véhicules industriels. Alors que le transport multimodal était auparavant utilisé exclusivement par les grands groupes, il l'est de plus en plus aujourd'hui par des PME régionales ou familiales. Les entreprises deviennent elles-mêmes gestionnaires de flux et architectes de la chaîne du transport de marchandises, en proposant des solutions globales aux clients chargeurs. Nous sommes très ouverts à la complémentarité des modes de transport et à leur massification, car celles-ci présentent de nombreux avantages. Cependant, il faut garder une vision réaliste de la taille d'activité de ce secteur ainsi que des distances couvertes. Les entreprises d'organisation de transport, qui représentent 50 à 90 % du marché français selon les modes de transport, sont particulièrement attentives à nos analyses du secteur.

Le secteur du transport de marchandises et de la logistique est un secteur stratégique de l'économie française puisqu'il représente 800 000 emplois directs et 1,1 million d'emplois globalement, ainsi que 51 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Mais c'est un secteur qui souffre beaucoup. Il connaît plusieurs facteurs de faiblesse, en premier lieu sa dépendance aux variations conjoncturelles. Sur 36 000 entreprises adhérentes, les trois quarts ont moins de dix salariés et 7 % seulement ont plus de 50 salariés. Ensuite, le secteur est fortement exposé à la concurrence internationale, et ceci depuis de nombreuses années. La place de la France recule dans tous les modes de transport. Enfin, la fiscalité, qu'il s'agisse de l'énergie, des infrastructures, pèse fortement sur nos entreprises, à hauteur de 9 % sur 51 milliards de chiffre d'affaires, soit trois fois plus que la moyenne des secteurs d'activité en France.

Notre secteur dispose également d'atouts importants. Nos entreprises sont très réactives. « L'ascenseur social » fonctionne encore : le secteur embauche 30 000 personnes chaque année et les jeunes peuvent intégrer nos métiers à tous les niveaux de qualification, avec des perspectives d'évolution de carrière. Nos entreprises ont également fourni beaucoup d'efforts pour développer des solutions intelligentes de transport de marchandises, ainsi que pour mettre en oeuvre des objectifs ambitieux de développement durable. A cet égard, de nombreuses entreprises ont signé des chartes volontaires de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Au sein de TLF, nous menons des actions pour améliorer la communication sur ce type de démarche car les efforts du secteur ne sont pas assez connus. Par exemple, le grand public ignore qu'un camion porteur de 19 tonnes émet aujourd'hui moins de CO2 qu'une berline moyenne. Cela a été rendu possible par des évolutions technologiques considérables, mises en oeuvre avec les constructeurs.

Nous souhaitons actuellement améliorer la compétitivité de nos entreprises et l'attractivité de la France car nous souffrons de handicaps par rapport à nos principaux concurrents, le Benelux, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. En outre, la France s'impose parfois plus de contraintes que ses concurrents européens car elle souhaite être exemplaire. Dans le domaine réglementaire, des progrès doivent être faits dans la direction d'une harmonisation des législations sociales et des transports. D'autre part, des infrastructures compatibles avec l'objectif de développement du transport multimodal sont nécessaires. Cependant, 75 % des marchandises transitant à moins de 150 kilomètres, il existe peu de possibilités de trouver des alternatives au transport routier qui soient économiquement viables et compatibles avec le développement durable. Enfin, l'environnement fiscal et économique doit être amélioré et nous sommes donc très sensibles aux mesures qui ont été récemment annoncées par le Gouvernement.

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