Intervention de Geneviève Fioraso

Séance en hémicycle du 4 novembre 2014 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Recherche et enseignement supérieur

Geneviève Fioraso, secrétaire d’état chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche :

Je vous remercie de votre question, madame la députée, car bien que la situation soit plus difficile à la Réunion ou en Guyane que dans d’autres territoires, votre question aborde le vrai sujet auquel est confronté notre enseignement supérieur.

Si nous considérons l’ensemble des bacheliers, les bacheliers professionnels sont en constante augmentation, les bacheliers technologiques en diminution, et les bacheliers généraux restent stables. Nous avons aujourd’hui 30 % de bacheliers professionnels qui trouvaient autrefois, avant que nous ne perdions plus d’un million d’emplois industriels, un emploi avec leur bac professionnel. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : un bachelier professionnel sur deux poursuit des études.

Néanmoins, les bacheliers professionnels sont trop souvent exclus des filières sélectives. C’est pourquoi j’ai introduit pour la première fois, il y a deux ans, une priorité à l’accueil des bacheliers professionnels dans les STS, qui mènent aux BTS, et des bacheliers technologiques dans les IUT.

Cela a eu un impact : 11 % de bacheliers professionnels de plus qu’en 2012-2013 sont aujourd’hui accueillis en BTS, et 6 % de bacheliers technologiques de plus le sont en IUT.

Cela suffit-il à résoudre le problème ? Sûrement pas. Le flux de bacheliers professionnels est en effet supérieur à l’offre mise à leur disposition. Et lorsqu’ils vont à l’université par défaut, ils se retrouvent en échec – et c’est un échec social, un échec économique, mais surtout un échec moral pour la nation, puisque ces jeunes sont souvent issus des milieux les plus défavorisés.

C’est pourquoi nous avons engagé, en plus de l’orientation dans les filières où ils réussissent le mieux – à plus de 60 % pour l’obtention d’un BTS ou d’un diplôme universitaire de technologie –, une réflexion qui vise à rendre plus lisible une filière professionnelle – depuis les années lycée jusqu’au doctorat – reconnue à sa juste valeur. Aujourd’hui, elle progresse plus en zigzag qu’avec une véritable cohérence et une véritable visibilité.

Certes, il y a 60 % de jeunes au chômage à la Réunion, 50 % en Guyane. Le problème est donc plus aigu qu’ailleurs, et nous avons bien conscience qu’il faut multiplier les places dans les IUT et en BTS. C’est une action à laquelle nous nous attelons, car c’est l’un des obstacles majeurs à la réussite des jeunes issus des milieux les plus modestes lorsqu’il s’agit d’obtenir une qualification supérieure, qui leur donne pourtant cinq fois plus de chances d’avoir un emploi que les autres.

C’est donc un problème que nous prenons à bras-le-corps, dont nous avons pleinement conscience, et qui doit tous nous mobiliser.

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