Intervention de Guillaume Chevrollier

Séance en hémicycle du 5 novembre 2014 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Politique des territoires

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Chevrollier :

La référence aux bassins de vie est intéressante et légitime, mais pas ce seuil de 20 000 habitants, rigidité éloignée des réalités du terrain.

Tous ces sujets sont interprétés comme une méconnaissance, voire un mépris de ce gouvernement envers les territoires ruraux, dont le potentiel est réel. Il y a dans la ruralité de la créativité et un potentiel de développement économique, si l’on se donne les moyens de l’activer.

Certes votre projet suscite des espoirs, avec la création toute récente du Commissariat général à l’égalité des territoires, le développement des maisons de services au public et des maisons de santé pluridisciplinaires, le projet de revitalisation des centres-bourgs, ou l’organisation prochaine, très attendue, des Assises des ruralités, mais ce sont des annonces et il ne faudrait pas que tous ces espoirs soient déçus. Les Français attendent des actes, pas des discours.

Les territoires ruraux ne veulent pas être les oubliés de notre République. Or la baisse des dotations aux collectivités locales est un bien mauvais signal. Elle aura inéluctablement comme conséquence une baisse des investissements de ces collectivités, entraînant par là même des baisses de commande et donc l’inquiétude dans des secteurs comme le bâtiment et les travaux publics, déjà grandement impactés par la crise économique qui dure.

Les répercussions se font déjà sentir. Le nombre d’entreprises en procédure de liquidation se multiplie et le chômage se développe inexorablement. Or ce sont des emplois de proximité : le préjudice est donc double.

En outre, les collectivités territoriales voient leurs finances grevées par la réforme des rythmes scolaires. Elles se sont vu imposer des charges qu’elles ne peuvent financer. Cette réforme leur impose des adaptations en matière de personnels, de locaux… Tout cela a un coût certain et le moins que l’on puisse dire est que les dotations de l’État ne suivent pas.

Ce budget est donc décevant alors que ses missions sont essentielles.

On parle de redynamiser les territoires ruraux, de lutter contre les fractures territoriales, on évoque un développement équilibré et durable des territoires et un plan très haut débit, qui est effectivement stratégique pour l’avenir de notre territoire et en particulier la ruralité… Ce sont des objectifs louables, mais les moyens ne suivent pas.

Aujourd’hui, les agriculteurs ont manifesté dans toute la France car ils sont étranglés par la baisse des prix, les contrôles et les trop nombreuses règles administratives. Le secteur du bâtiment et des travaux publics est en crise, je l’évoquais à l’instant. Ses représentants ont manifesté eux aussi il y a quelques semaines. C’est donc tout le tissu économique des territoires ruraux qui souffre et leur population qui est inquiète.

Ces populations sont exaspérées par les nouvelles taxes, comme la taxe diesel qui frappera bien évidemment plus ceux qui vivent dans les territoires ruraux que ceux qui vivent dans des centres-villes, qui bénéficient des transports en commun. Les territoires ruraux ont déjà marqué cette inquiétude dans les urnes lors des dernières élections, mais le phénomène n’est pas fini. Le Gouvernement doit entendre ce cri d’alarme et réagir en offrant à notre pays les véritables réformes dont il a tant besoin et en donnant à la ruralité toute sa place.

Ce budget n’est pas la réponse attendue. C’est pourquoi le groupe UMP votera contre les crédits de cette mission.

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