Les enjeux de l'outre-mer exigent des approches adaptées, et c'est le cas de ce budget dont les objectifs et les moyens sont globalement très satisfaisants. La politique en direction de l'emploi joue judicieusement sur les deux leviers que sont la compétitivité des entreprises et le renforcement de l'insertion et la qualification des jeunes – l'un des grands défis de ces territoires. Il est également satisfaisant de constater que le Gouvernement semble avoir pris la mesure de la problématique du logement, en particulier du logement social.
Cependant, il nous semble que les moyens restent concentrés sur l'incitation au développement d'une économie marchande qui, si elle est hégémonique dans les territoires d'outre-mer, n'est peut-être pas ce que l'on peut faire de mieux. Il est annoncé dans le document budgétaire qu'une réflexion sera engagée sur le développement de l'économie sociale et solidaire (ESS). Vous nous avez déjà fourni quelques éléments de réponse sur ce point, madame la ministre, mais je me permets d'insister sur le fait le développement de cette économie sociale et solidaire doit être largement amplifié, notamment pour permettre la création d'emplois de façon connexe – car l'ESS a, on le sait, des liens directs avec les TPE, qui constituent la quasi-totalité des entreprises outre-mer. Les îles qui, si loin de l'hexagone, vivent de 90 % d'importation, ne sortiront de cette hyperdépendance qu'en renouant avec un modèle de préservation et d'utilisation des ressources locales fondé sur l'ESS et sur les TPE, mais aussi en retrouvant une nouvelle logique prioritaire, qui doit désormais favoriser la relocalisation et la transition vers un modèle d'économie circulaire source d'emplois et d'innovation. Pour peu que l'on s'en donne les moyens, madame la ministre, ce modèle pourrait d'ailleurs inspirer notre territoire hexagonal.
L'outre-mer dispose d'atouts formidables qu'il faut valoriser et structurer, et l'État doit s'appuyer sur les régions et territoires pour mettre en place des circuits courts, la souveraineté alimentaire, la gestion autonome des déchets et bien sûr le développement des transports publics et des énergies renouvelables. J'ajoute que l'économie circulaire est empreinte des valeurs de partage et de transmission propres aux cultures des territoires, des régions et des départements d'outre-mer. Les outils législatifs existent et doivent être renforcés : Serge Letchimy, Victorin Lurel et moi-même avons travaillé en ce sens dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique et à la croissance verte. Je sais que, désireux de saisir cette chance pour l'outre-mer, nombre de territoires veulent s'engager sur cette voie et faire preuve de volontarisme en constituant un exemple pour toute la France. Aidons-les à avancer en ce sens.