Dans le cadre de l'examen de la présente mission outre-mer par notre commission élargie, j'ai choisi de parler de la continuité territoriale, qui fait couler beaucoup d'encre. Les premiers débats relatifs à cette mission « Outre-mer » ont donné lieu, à La Réunion et ailleurs en outre-mer, à une véritable opération politicienne de désinformation. En dépit des contraintes qui pèsent sur nos finances publiques, la mission « Outre-mer » pour 2015 est en augmentation – comme c'est le cas chaque année depuis 2012. La situation dont nous avons hérité impose une gestion rigoureuse et une utilisation efficace des deniers publics, et le triste spectacle auquel on assiste en ce moment à La Réunion nous afflige d'autant plus. On veut nous faire croire qu'un budget en constante augmentation depuis 2012, c'est moins bien que la décennie de régression sociale qui a précédé. On veut nous faire croire que les finances de la France sont un coffre-fort ouvert dans lequel on peut puiser à volonté pour servir ceux qui en ont le moins besoin. On veut nous faire croire qu'une mesure sociale peut et doit être transformé en subventions indirectes aux compagnies aériennes. On veut nous faire croire, encore, que le modèle corse est celui qui doit nous être appliqué, alors qu'ils ont repoussé ce modèle par deux fois, en 2003 et en 2009, lorsqu'ils étaient au pouvoir. Bref, on veut tout faire croire, tout travestir, tout manipuler, mais peut-on véritablement tromper les ultramarins et singulièrement les Réunionnais ?
Je le redis, madame la ministre : l'aide au voyage doit continuer à concerner les plus modestes, mais surtout les jeunes qui vont étudier, les ultramarins qui vont rechercher un emploi dans l'Hexagone, les familles frappées par un deuil soudain, et non servir à payer les vacances annuelles des foyers les plus aisés – justifiant même d'un salaire mensuel de 9 000 euros. Cette situation est d'autant plus révoltante que, dans le même temps, on refuse un contrat aidé à plus de 17 000 Réunionnais qui ont pour unique et légitime ambition de pouvoir s'insérer professionnellement et socialement.
Madame la ministre, confirmez-vous que 85 % des crédits de la continuité territoriale – c'est-à-dire 17 millions d'euros sur 20 – bénéficient aux plus aisés, et que 439 bénéficiaires de l'aide régionale déclarent un revenu annuel supérieur à 100 000 euros – et 2 500 autres un revenu situé entre 80 000 et 100 000 euros ? Enfin, le cas échéant, ne croyez-vous pas qu'il importe d'organiser désormais, sous l'égide de LADOM, une véritable opération vérité sur la continuité territoriale ?