En effet, je ne suis pas un représentant du ministère des affaires étrangères et je comprends que vous puissiez le regretter. Mais le principe de solidarité gouvernementale et la cohérence de l'action économique font que cette discussion peut avoir beaucoup de sens, même si elle n'a lieu qu'entre nous. Les décisions concernant les périmètres d'intervention ministérielle ayant été prises en cours d'année, il n'est pas aberrant que toutes les conséquences sur le plan budgétaire n'en aient pas été tirées. Il n'en demeure pas moins qu'il doit y avoir – c'est la condition de notre réussite collective – une continuité d'action ainsi qu'une cohérence entre ce que nous faisons à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
J'estime que la discussion budgétaire ne reflète pas la réalité des actions ministérielles et j'entends l'inconfort que certaines ou certains d'entre vous peuvent ressentir à travers les programmes « Commerce extérieur » ou « Action extérieure de l'État ».
La mission « Économie » comprend quatre programmes, dont deux seulement traduisent le périmètre du ministère. Demain matin, nous débattrons, avec Geneviève Fioraso, du programme 192, qui s'ajoute au programme 134 et qui porte des priorités cohérentes avec celles dont nous discutons ce matin : je pense aux financements versés à la BPI, qui sont répartis entre ces deux programmes – une partie est affectée au programme 134 avec les dotations de garantie, et l'autre au programme 192 avec les dotations d'intervention.
Il en est de même pour les pôles de compétitivité, pour lesquels la totalité du financement des projets préservés, voire renforcés avec le PIA, se retrouve dans le programme 192. Seuls les moyens de fonctionnement figurent dans le programme 134. Au-delà, je souligne l'importance des moyens du PIA, et en particulier du PIA2, voté l'an dernier, qui rassemble 2,3 milliards de crédits au service des axes majeurs de notre ministère. Axelle Lemaire, retenue à la Présidence de la République, nous rejoindra dans quelques instants et pourra évoquer plus largement la question du numérique, secteur qui, comme les filières industrielles ou l'innovation, constitue une priorité pour nous : 1,7 milliard d'euros y est consacré dans la mission « Économie ».
Notre discussion peut paraître parcellaire si l'on essaie de reconstituer la cohérence de l'action gouvernementale, mais il faut garder en tête l'ensemble de cette action. Nous allons chercher dans les prochains mois à en améliorer la cohérence, sans pour autant créer des frontières là où il n'y en a pas. Il ne faut pas créer de barricades car l'action du Gouvernement et de l'État est une. En fin de compte, notre réflexion doit porter sur la cohérence qu'il faut avoir à l'égard des politiques ou des publics que nous voulons servir.
S'agissant des entreprises que nous voulons accompagner, peu leur chaut de savoir si les crédits viennent du ministère des affaires étrangères ou de Bercy : l'important, c'est qu'ils arrivent, qu'ils soient rapides, bien fléchés et qu'il y ait des gens compétents en face d'elles. Voilà pourquoi nous ne devons pas nous perdre dans des débats parfois artificiels.
Plusieurs rapporteurs l'ont noté : l'évolution du programme 134 est marquée par la volonté de réaliser des économies ciblées – nous évitons autant que faire se peut le « rabot » – et de servir des priorités claires en matière de développement économique. La baisse des crédits de 5 % est cohérente avec l'effort d'ensemble. Les transferts de crédits effectués notamment vers Atout France, le fonds de soutien aux collectivités locales ou le Laboratoire national de métrologie et d'essais expliquent ces changements.
Néanmoins, nous réalisons des économies ciblées. Un ministère dit « dépensier » se doit de les assumer, par respect du principe de responsabilité et de solidarité. L'efficacité de notre politique économique passe aussi par un discours responsable en matière de finances publiques. Les économies portent donc sur certains dispositifs d'intervention : Mme Carole Delga vous parlera plus en détail des choix que nous avons faits. Les autorités administratives indépendantes, quant à elles, ont consenti des efforts importants en termes d'effectifs. Enfin, la compensation de la mission de transport de presse confiée à La Poste est revue à la baisse, dans le cadre du protocole passé en 2008 entre l'État, La Poste et les professionnels.
Je veux aussi souligner, même si la question a été débattue en première partie du projet de loi de finances, l'effort important que nous avons demandé aux chambres de commerce et d'industrie.
Dans tous les cas, nous nous efforçons de réaliser ces économies le plus intelligemment possible. Non seulement elles sont nécessaires, mais elles sont porteuses de sens et nous permettent de préserver nos priorités.