Intervention de Emmanuel Macron

Réunion du 30 octobre 2014 à 9h10
Commission élargie

Emmanuel Macron, ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique :

Quoi qu'il en soit, notre position n'est pas fermée, tant s'en faut !

Le Gouvernement travaille à ces questions d'attractivité économique internationale avec une grande unité. C'est un levier important de notre compétitivité. Si nous parvenons à réduire le déficit commercial et à mieux projeter notre excellence à l'international, nous renforcerons notre économie. Il s'agit, en somme, du deuxième versant de notre politique de compétitivité. Si nous abaissons le coût du travail et menons un politique réaliste en matière d'énergie en France, c'est parce nous voulons mener le combat à l'international.

Le travail de fusion et de mise en cohérence de l'AFII-Ubifrance se poursuivra. La nouvelle structure conduira le programme d'accompagnement personnalisé, en particulier à l'export, de mille PME et ETI de croissance d'ici à la fin de 2015. Les stratégies des familles et des produits prioritaires à l'export seront poursuivies et renforcées. Nous travaillons aussi, avec Michel Sapin et Christian Eckert, à améliorer les outils de financement à l'export. Comme vous le souligniez, monsieur Giraud, notre compétitivité face à nos grands concurrents repose aussi sur notre capacité à développer l'accès des PME et des ETI à ces outils, donc sur le développement de mécanismes de prêts directs à l'export comme ceux que propose la BPI.

Le dispositif « BPI France Export », madame Rabin, est un guichet unique déployé dans les régions qui associe les financements de la BPI, l'assurance-crédit de la Coface et le conseil à l'export d'Ubifrance. C'est une première étape dans la clarification que vous avez été nombreux à appeler de vos voeux. Je précise que le dispositif ne finance pas la participation d'entreprises françaises à des missions ou des salons organisés à l'étranger, notamment dans le cadre de politiques régionales. Si vous avez relevé des anomalies de cet ordre, je vous serais reconnaissant de nous les notifier.

La BPI travaille main dans la main avec l'AFII-Ubifrance. Une convention est en cours de rédaction. Là aussi, la rationalisation est à l'oeuvre, ce qui est en soi une avancée majeure par rapport au statu quo ante.

Je ne dispose pas encore d'évaluations des « maisons de l'international », madame Rabin. La première, baptisée French Tech Hub, a été inaugurée par le Président de la République le 12 février dernier à San Francisco – une autre a ouvert à Boston. Elle est née de la transformation de plusieurs structures existantes, dont l'incubateur qu'avait implanté la région Île-de-France. La mise en cohérence effectuée avec Ubifrance, la BPI, les CCI et les CCEF (conseillers du commerce extérieur de la France) montre à quel point nous devons simplifier ce paysage. Une troisième maison de l'international a ouvert en Chine, d'autres sont à l'étude au Japon et à Hong Kong. Il faudra bien entendu attendre quelques mois avant de dresser un premier bilan.

Le Gouvernement a souhaité démocratiser le volontariat international en entreprise (VIE), madame Dagoma, en le rendant accessible à des jeunes moins diplômés grâce à un nouveau dispositif, « VIE pro », que cinq universités s'étaient engagées à expérimenter dès les rentrées 2013 et 2014. Quoi qu'il en soit, je ferai part à mes collègues de votre préoccupation.

J'ai déjà exposé le renforcement des mesures en faveur des TPE-PME, monsieur Giraud. Plus profondément, je suis persuadé que la simplification est la meilleure réponse que l'on puisse apporter à leurs besoins. On pourra toujours créer des dispositifs intelligents : s'ils sont compliqués ou cachés au milieu d'autres dispositifs, on ne touchera que les « abonnés » à tel ou tel guichet. La simplicité est donc la clé. Je m'engage notamment à améliorer les aides et les garanties à l'export, qui restent trop compliquées pour ces entreprises.

À propos du traité de libre-échange transatlantique, Mathias Fekl a exposé lors des questions d'actualité quelle était la position – et la grande vigilance – du Gouvernement. Nous partageons totalement votre préoccupation concernant le mécanisme de règlement des différends, tout comme, d'ailleurs, nos partenaires allemands, pour qui c'est un grand sujet de débat. Mon homologue Sigmar Gabriel ne cesse de m'en parler. Nous opposons donc un front uni et nous ne lâcherons pas l'affaire. Déjà mise en exergue dans la discussion du traité avec le Canada, cette position est portée par nos négociateurs dans le cadre de la discussion en cours.

Nous avons également veillé, monsieur Giraud, à ce que l'équité soit respectée dans la fusion entre Ubifrance et l'AFII, que Mme Muriel Pénicaud a menée de manière exemplaire. La nouvelle structure est dotée d'un projet collectif qui mobilise, je l'ai constaté moi-même, la volonté de tous. Certes, le premier organisme avait une importante force de projection à l'étranger, des représentants répartis partout dans le monde, des crédits plus importants, tandis que le second, beaucoup plus réduit, s'apparentait à une formation de chevau-légers dont la mission était d'être l'interlocuteur d'investisseurs ou de grandes entreprises étrangères s'installant sur notre sol. J'ai été attentif à ce qu'une culture ne s'impose pas au détriment l'autre. Ce qui m'importe, c'est le mariage des cultures et des compétences autour d'un projet commun, et c'est dans cet esprit que la fusion est menée. N'hésitez pas à nous faire part des points de vigilance qui pourraient se faire jour à ce sujet.

Concernant la « marque France », un travail lancé par mon prédécesseur a abouti à plusieurs propositions concrètes. Celles-ci n'ayant pas totalement convaincu, me semble-t-il, le Premier ministre et le Président de la République, l'agence fusionnée a repris cette initiative.

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