Intervention de Emmanuel Macron

Réunion du 30 octobre 2014 à 9h10
Commission élargie

Emmanuel Macron, ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique :

Les moyens de financement des CTI et CPDE sont stabilisés en 2015, et une réforme du financement est prévue en 2016 pour répondre aux besoins de manière plus dynamique.

Je partage la volonté d'améliorer la lisibilité du PIA. Le suivi de ce programme au plan budgétaire est assuré, par le document budgétaire annuel du PIA, ainsi que les rapports annuels de performance ; l'information existe, mais elle n'est pas reflétée dans la mission que nous discutons aujourd'hui.

La réponse concernant les 5 millions d'euros de crédits, monsieur Bacquet, vous a été apportée. Il n'y a pas, d'un côté, des responsables politiques et ministériels intelligents et, de l'autre, des technocrates incapables. Ce sont mes collègues et moi qui sommes fautifs. Je suis prêt à prendre les 5 millions d'euros nécessaires au parachèvement de la fusion sur les reports de crédits de mon ministère, car je ne doute pas un seul instant que Laurent Fabius fera le même geste pour la politique de communication. Nous suivrons une politique intelligente où chacun fera un geste budgétaire, en sortant de la logique de tranchée qui est parfois celle des administrations de tutelle.

En ce qui concerne Bpifrance, une convention est en cours d'élaboration. Un travail plus accru doit être conduit.

S'agissant de notre politique économique, l'État ne se désengage pas. Notre volonté est au contraire qu'il fixe le cadre. C'est la discussion que nous devrons avoir au moment de discuter la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République. Fixer le cadre et les responsabilités, apporter les financements de manière transparente, être moteur là où l'État doit l'être, en laissant la place aux régions là où elles doivent l'occuper : ce n'est en aucun cas un désengagement. Nous conférons une responsabilité accrue aux régions en matière de développement économique, mais il ne s'agit pas d'instaurer une concurrence malsaine entre les différents niveaux de collectivités publiques, car en tout état de cause la cohérence d'ensemble de la politique économique sur le territoire relèvera toujours de l'État. Je partage donc pleinement votre « jacobinisme de bon aloi », pour reprendre la formule de M. Chassaigne.

Je ne crois pas que la meilleure politique économique soit forcément celle qui mette le plus d'argent sur la table. Ce n'est pas non plus celle – et je regrette que les députés UDI ne soient plus parmi nous – qui consisterait à dire : « Baissons les impôts, baissons les déficits publics, augmentons les dépenses », car je ne vois pas comment c'est possible, à moins d'imaginer une création budgétaire ex nihilo. Si cela existait, monsieur Chassaigne, nous le saurions.

Notre politique de compétitivité consiste à redonner des marges de manoeuvre à nos entreprises, en conduisant une politique budgétaire plus sérieuse pour permettre cet effort, et l'État continuera d'intervenir aux bons endroits, où il fixera un cadre, marquera une volonté, affirmera sa place. L'alliance des productivismes à reconstruire, tâche à laquelle le Gouvernement entend s'atteler, ne nécessite pas davantage d'argent public. L'argent doit être mis au bon endroit et employé à bon escient : c'est cet esprit que je veux porter.

En ce qui concerne l'industrie aéronautique, nous sommes très vigilants sur le développement d'Airbus. La France tient aujourd'hui tous ses engagements en matière d'avances remboursables et l'entreprise remplit sa part de responsabilité. Il n'y a donc pas lieu d'avoir des craintes sur le secteur – notamment concernant l'aéroport de Blagnac, au sujet duquel j'ai rencontré plusieurs de vos collègues la semaine dernière. Airbus est l'un de nos fleurons et l'une de nos priorités, en termes d'emplois comme d'exportations.

Il en va de même pour l'industrie pharmaceutique, qui fait également partie de nos activités exportatrices. Nous sommes très vigilants sur notre fleuron. Le changement de direction décidé par ce grand acteur prend en considération, je n'en doute pas, nos contraintes de production sur le territoire national.

Je suis favorable, monsieur Chassaigne, à ce que nous détaillions ensemble le bilan de la BPI. J'ai noté, et je salue, votre intérêt pour le modèle allemand. (Sourires.) Il n'y a aucune volonté de la part de l'État de se désengager. Nous souhaitons au contraire conduire une politique cohérente. Ce que nous faisons avec les allégements de charges, la mobilisation du tissu industriel, les trente-quatre plans, les priorités budgétaires préservées en matière de défense industrielle, avec le Fonds de développement économique et social (FDES), l'aide à la réindustrialisation (ARI), toutes les actions engagées par mon prédécesseur, c'est un ensemble cohérent, car c'est par l'industrie et les services que notre pays recouvrera sa vitalité.

Le modèle qui consiste à vouloir marquer les priorités par des crédits budgétaires, à croire que la puissance publique peut se substituer à l'initiative privée, c'est, dans le monde où nous vivons, une erreur de raisonnement. Aussi vrai que le « socialisme dans un seul pays » n'a pas produit des résultats convaincants, la politique budgétaire dans un seul pays ne marche pas non plus, car, en économie ouverte, la dépense publique subventionne l'importation ou la production étrangère. Il faut donc renforcer nos producteurs nationaux, chercher à avoir une économie beaucoup plus forte, pour repartir sur ce dynamisme productif. Cela ne signifie pas l'abandon de nos priorités. Ainsi que Carole Delga l'a souligné, nous vous avons entendus sur plusieurs sujets de préoccupation, d'où les changements de ces derniers jours. De même, Axelle Lemaire a présenté les priorités de cette France de demain que nous construisons avec de l'investissement public et privé. Le bon investissement public est celui qui suscite l'investissement privé, qui exerce un effet de levier et permet d'enclencher une dynamique vertueuse.

Le CICE fait partie de l'équation budgétaire dont nous discutons avec La Poste. Pour ce qui est des grandes surfaces, nous avons réuni la semaine dernière, avec Stéphane Le Foll et Carole Delga, l'ensemble de la filière. Le secteur agroalimentaire perçoit beaucoup de fonds au titre du CICE, la grande distribution davantage encore. Nous avons demandé que ce crédit d'impôt ne serve pas qu'à faire baisser les prix, mais qu'il contribue à créer de l'emploi et à relancer les investissements. Un suivi sera assuré, filière par filière, branche par branche. François Rebsamen a organisé une réunion importante le 10 septembre. Les échanges avec les grandes surfaces devront aboutir à davantage d'investissements, à une meilleure intégration des différents circuits avec l'agroalimentaire, ainsi qu'à des contreparties en termes de temps de pause et de temps partiel. Nous serons très vigilants sur ces sujets.

Carole Delga a été très précise sur les CCI. Les économies sont une nécessité, pour notre souveraineté financière comme pour le financement de nos priorités. Tout en reconnaissant le rôle des CCI, j'en appelle à un esprit de responsabilité. Nous pouvons parvenir à une péréquation régionale vertueuse qui évite aux plus petits de périr, mais des économies doivent être faites et je ne céderai pas à l'obstruction contreproductive qui s'est fait jour.

Je pense, madame Allain, avoir répondu en creux au sujet de la perte de confiance. La période est difficile et les résultats ne sont pas encore là, mais notre politique économique est cohérente et répond à la nécessité de renforcer notre tissu productif, par des leviers budgétaires adaptés, la mobilisation de l'investissement privé, la simplification et toutes les autres réformes que nous devrons conduire pour apporter plus de souplesse, car c'est ainsi que nous retrouverons l'énergie dont notre économie a besoin.

En ce qui concerne La Poste, le développement des plateformes de tri postal est nécessaire pour adapter l'outil industriel. Je trouve qu'une cohérence de la carte avec la carte territoriale est une bonne idée ; je la porterai au débat que nous avons avec le président-directeur général de La Poste, que j'incite d'ailleurs à voir les parlementaires le plus souvent possible, ce qu'il fait avec beaucoup de dévouement car il sait que La Poste, l'un de nos fleurons, est aussi un instrument d'aménagement du territoire.

Les maisons de service public font partie du projet de La Poste. Un travail interministériel est conduit en ce moment, sous la supervision du Premier ministre. Je ne souhaite donc pas exprimer une opinion à ce stade, mais nous suivons la question avec beaucoup d'intérêt.

Si, cela a été rappelé, un geste a été fait sur l'emploi aidé, je ne pense pas que c'est par les emplois aidés que nous pouvons régler le problème du chômage. Les bons emplois aidés sont ceux qui conduisent à des emplois pérennes. Les gens veulent des emplois qualifiants qu'ils puissent garder. On en revient donc toujours au même constat : c'est la vitalité de nos entreprises qui est une nécessité, donc l'emploi marchand qualifiant et pérenne.

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