À mon tour de faire part de l'inquiétude qui a saisi, dans les outre-mer et singulièrement à La Réunion, le monde agricole, à la lecture du budget de la mission « Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales ». La diminution programmée des crédits consacrés aux financements des filières agricoles ultramarines ne correspond ni aux engagements pris par le Président de la République en août dernier à La Réunion, ni aux objectifs de la grande loi que nous avons votée sur l'avenir de l'agriculture, ni aux orientations définies par Bruxelles, à travers le programme d'options spécifiques à l'éloignement et à l'insularité (POSEI), en faveur de la diversification.
La filière canne-sucre verrait donc son enveloppe amputée de 2,4 millions d'euros tandis que les filières de diversification animales et végétales subiraient une baisse de 3,6 millions d'euros. Compenser ces diminutions par le recours au programme d'investissements d'avenir va d'autant moins de soi qu'en matière agricole, le FEADER et le FEDER ont déjà précisément le même objet que le PIA.
La réduction de crédits aura un impact direct sur le revenu des agriculteurs et va bouleverser les équilibres du secteur agricole. Cela au moment même où la filière canne-sucre-énergie doit affronter un bouleversement majeur, avec la fin des quotas et des prix garantis ; au moment aussi où la diversification agricole enregistre des résultats encourageants et doit contribuer au développement des circuits courts. Il me plaît de répéter qu'à La Réunion, près des trois-quarts de la consommation des fruits et légumes est déjà assurée par la production locale, que les différentes filières animales s'organisent et que l'objectif de sécurité alimentaire est à notre portée.
L'inquiétude est d'autant plus grande que l'enveloppe dédiée à la diversification agricole a déjà subi une coupe de 5 millions dans le PLF 2013. Avec cette nouvelle baisse, l'enveloppe diminuerait de 25 % en trois ans. Et quand on se souvient qu'il s'agit d'aides « couplées », c'est-à-dire qu'elles varient en fonction du volume de la production, on mesure les conséquences désastreuses de cette nouvelle diminution pour la production locale.
Monsieur le ministre, nos agriculteurs ne demandent aucune augmentation. Ils vous prient seulement de maintenir en l'état le niveau de l'enveloppe « sucre » et celui des crédits de la diversification.