Madame la rapporteure, vous avez très bien résumé mon propos : le refus de choisir coûte plus cher. Je parlerai plus volontiers d'un système hybride que d'un système bâtard : toutefois, l'idée est la même. En restant au milieu du gué, nous ne bénéficions des avantages d'aucun des deux systèmes. Il appartient au Parlement de guider les choix.
La concurrence est bien un facteur de baisse des prix, comme le prouve mon iPhone. Le monopole de France Télécom n'aurait pas permis l'iPhone. Toutefois, le parc nucléaire français étant déprécié, durant les quinze premières années, l'introduction de la concurrence sur le marché de l'électricité français ne pouvait pas faire baisser un prix de l'électricité qui était déjà plus bas que celui de nos voisins européens. En revanche, la théorie économique et l'expérience suggèrent que le coût du renouvellement du parc de production, à compter de 2025 ou de 2035, sera moins élevé s'il est confié à différents opérateurs qui mettront différentes technologies en concurrence.
C'est vrai, il sera nécessaire à la fois de développer les réseaux de transport pour assurer les interconnexions et d'améliorer la coordination entre les opérateurs de réseaux. Toutefois, l'optimisation de la maille européenne des grands flux n'est pas incompatible avec une optimisation locale. Elle est même complémentaire dans le cadre de certaines problématiques. À mes yeux, dans cinquante ans, de grands réseaux européens très coordonnés et assurant la fluidité de la plaque européenne coexisteront avec des mécanismes d'optimisations locales.
Monsieur Baupin, c'est heureux qu'on ne construire à l'heure actuelle aucune centrale puisque le secteur de l'électricité est en surcapacité. En effet, au début des années 2000, en raison de l'importante croissance de la demande européenne, les électriciens ont beaucoup investi pour anticiper la demande qu'ils imaginaient pour 2010. Or la crise de 2008 a fait baisser la consommation électrique en Europe et les producteurs d'électricité sont aujourd'hui en surcapacité. Il y a sur le marché trop de moyens de production, d'autant que personne n'avait anticipé une entrée aussi massive des renouvelables. La situation actuelle se traduisant à la fois par une surcapacité conventionnelle, une baisse de la demande et une entrée massive des renouvelables, non seulement on ne construit aucune centrale, mais on va jusqu'à en fermer, ce qui est dommage car elles sont presque neuves.