Intervention de Marcel Boiteux

Réunion du 5 novembre 2014 à 18h00
Commission d'enquête relative aux tarifs de l'électricité

Marcel Boiteux, président d'honneur d'EDF et ancien président de l'Académie des sciences morales et politiques :

Tout est possible à mon sens, à condition que les choix des politiques, qui sont les patrons, soient clairs et motivés. Or tout est fait pour cacher le coût réel des énergies dites nouvelles.

Prenons l'exemple un peu extrême mais significatif d'une éolienne en bout de ligne dans une zone rurale. Les bourrasques violentes créent des à-coups sur le réseau qui entraîne des ruptures de courant : les trayeuses décrochent, les frigos s'arrêtent de fonctionner…

On se trompe en comparant le courant électrique à celui de l'eau. Pour comprendre l'électricité mieux vaudrait penser au sérum physiologique qui peut circuler dans le corps humain : sa formule est complexe et invariable, et sa température et son débit sont précis. Il en est de même du courant qui forme une courbe à l'ondulation parfaite et doit nécessairement avoir une force spécifique. Ces contraintes sont telles que le courant de mauvaise qualité produit par l'éolienne en bout de réseau était autrefois envoyé à la terre, c'est-à-dire détruit.

Je n'ai rien contre les éoliennes mais je crains qu'elles ne coûtent très cher par rapport à ce qu'elles rapportent

Un mode de production d'énergie était autrefois apprécié à la fois grâce à son coût au kilowatt, en relation avec la grosseur du tuyau, et son coût au kilowattheure selon la quantité qui empruntait le tuyau. La tonne constituant une unité de mesure unique pour le charbon et le pétrole, EDF a été un peu obligée de s'en tenir à un seul prix. Or pour apprécier un moyen de production, il faut tenir compte de deux dimensions : celle de la puissance garantie à la période de pointe lorsqu'elle existe, et celle de l'économie réalisée en charbon, en pétrole ou en uranium. Pour comparer sérieusement une éolienne à un moyen de production classique d'énergie, il faudrait installer une turbine à gaz à son pied. En plein milieu de l'hiver, sans vent et par grand froid, alors que la demande est à son maximum, les éoliennes ne produisent rien. On constate alors que la puissance n'est pas garantie – 5 % seulement peut l'être –, alors que les consommateurs veulent disposer d'énergie au moment où ils le souhaitent.

En méconnaissant ces données, l'on fausse complètement les choix. Certains sont-ils à ce point convaincus que l'éolien ne vaut rien qu'ils refusent de lui appliquer un calcul économique rationnel et de connaître son coût réel. Pourquoi ceux qui se disent certains de la nécessité de l'éolien se cachent-ils derrière leur ombre ?

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